SFR, le deuxième opérateur télécom français, veut devenir un géant des médias. Son patron Patrick Drahi voudrait réussir là où Jean-Marie Messier, emblématique patron de Vivendi au début des années 2000 avait échoué. Le groupe a en effet officialisé mercredi matin le rachat par SFR de journaux, magazines, sites d’information, télévisions et radios jusqu'à présent détenus par sa maison-mère Altice.
Une volonté : se différencier. Derrière cette opération, se cache la volonté de SFR de conquérir ou reconquérir des clients. L'objectif est simple : offrir davantage que ses concurrents, Orange, Bouygues Telecom ou encore Free. Alors que la différenciation sur les réseaux ne joue pour le moment pas en sa faveur - en retard sur la 4G par rapport à Orange et Bouygues Telecom - et qu'il a perdu plus d’un million de clients l’année dernière, l'opérateur au carré rouge sort désormais les grands moyens pour séduire à nouveau.
Cinq chaînes de télévisons.La méthode est bien différente de celle de Free. Pas question de casser les prix, SFR va donner plus aux clients. L'opérateur va d’abord leur offrir du sport, et du sport que les autres n’auront pas. Plusieurs chaînes vont être crées pour l'occasion : SFR sport 1, SFR sport 2, etc. Cinq nouvelles chaînes, avec notamment le championnat de foot anglais, très prisé, dont Altice avait acheté les droits il y a quelques mois. En plus de la télévision, Patrick Drahi et son groupe vont aussi proposer des journaux et des magazines.
Libération, L'Express... gratuits. La nouvelle est passé un peu inaperçue mais L’Express, Libération, Point de Vue, L’Étudiant, des dizaines de titres au total, sont désormais dans le giron du groupe télécom. Tous ces journaux, les clients SFR pourront désormais les lire gratuitement dans une application baptisée "SFR Presse" et disponible sur smartphone et tablette. Tout cela est gratuit, ou presque. Si l'accès à la presse est inclus dans les forfaits, les prix de ces derniers vont en effet augmenter d’un ou deux euros à partir de ce dimanche.
Gain de TVA. Enfin, ce regroupement offre également quelques avantages au groupe de Patrick Drahi. Avec cet arrangement, SFR va probablement verser un peu moins de TVA à l’État. La raison est simple, la presse bénéfice d'un taux de TVA réduit à 2,1 % alors que les forfaits télécoms sont à 20%. En intégrant des journaux dans ses abonnements Internet ou téléphone, SFR va donc économiser quelques dizaines de millions d’euros de TVA.