Spotify tape du poing sur la table. Le géant suédois du streaming musical s'est attaqué à un fléau grandissant au sein de son catalogue riche de plus de 70 millions de titres. La plateforme a ainsi supprimé plusieurs dizaines de milliers de chansons, créées grâce à une intelligence artificielle, rapporte le Financial Times. Des morceaux générés à l'aide de l'outil Boomy et qui représentaient une manne financière non négligeable pour certains utilisateurs à l'éthique douteuse.
Ces derniers programment ainsi des robots destinés à écouter massivement les chansons nouvellement créées. De quoi faire gonfler artificiellement leurs audiences et donc les revenus de leurs créateurs. Un phénomène repéré par Universal Music Group qui a donc décidé d'en alerter les plateformes concernées, dont Spotify.
L'inquiétude de l'industrie musicale
Il faut dire que la simplicité d'utilisation de Boomy a de quoi inquiéter le milieu de l'industrie musicale qui vient tout juste d'achever sa transition vers le numérique. En quelques clics, un apprenti DJ peut générer une mélodie après avoir simplement sélectionné un genre musical. L'intelligence artificielle se charge ensuite de tout. Les utilisateurs peuvent après cela ajouter des éléments, régler les effets sonores et même y ajouter des voix. Les morceaux sont ensuite téléchargés en toute légalité sur l'ensemble des plateformes de streaming.
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À condition de ne pas imiter les voix de véritables artistes, comme ce fut le cas récemment avec Drake et The Weeknd, cette pratique n'a rien d'illégal. En revanche, la manipulation des écoutes à des fins lucratives est assimilé à du vol, comme l'a rappelé en janvier dernier le Centre national de la musique. "Celui qui gonfle ses chiffres d’écoute retire une part de rémunération à tous ceux qui ne trichent pas, en contribuant à faire baisser la rémunération moyenne par stream de tous les ayants droit", a également indiqué l'établissement public.
14 millions de chansons créées sur Boomy
Lucian Grainge, le directeur général d'Universal, a lui aussi récemment alerté sur l'ampleur du phénomène, appelant à encadrer le développement de ces intelligences artificielles : "Le récent développement explosif de l'IA générative, s'il n'est pas contrôlé, augmentera à la fois le flot de contenus indésirables sur les plateformes et créera des problèmes de droits par rapport à la loi (américaine) sur le droit d'auteur existante".
Citée par le Financial Times, la société Boomy, qui revendique plus de 14 millions de créations via son site web, a réaffirmé son opposition à "tout type de manipulation ou de streaming artificiel". Et assuré "[travailler] avec des partenaires de l'industrie pour résoudre ce problème".