France Télévisions a diffusé ce jeudi, dans l'émission Envoyé spécial, des extraits d'une interview de Penelope Fillon datant de 2007 dans laquelle l'épouse du candidat à la présidentielle explique n'avoir jamais été son assistante. Ces propos pourraient mettre à mal la défense de François Fillon, selon qui son épouse a bien exercé des activités d'attachée parlementaire et de collaboratrice à la Revue des Deux Mondes et n'a donc pas bénéficié d'emplois fictifs. "Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre", dit-elle en anglais dans cet entretien donné au journal britannique The Telegraph. "Je ne m'occupe pas de sa communication", ajoute-t-elle, sans hésitation.
"Je l'ai toujours accompagné". À la question de savoir si elle s'est impliquée dans les campagnes ou la carrière politique de son mari, Penelope Fillon répond, dans cette même interview : "Je l'ai toujours accompagné dans ses campagnes électorales, les meetings pour aider, (...) glisser des prospectus sous les portes." "J'aime bien me mettre au fond de la salle et écouter les commentaires que les gens font sur ce qu'il dit. C'est quelque chose que je faisais quand il était maire de Sablé. J'allais dans les associations de personnes âgées, des choses comme ça, mais rien de plus", ajoute-t-elle. Penelope Fillon explique aussi que si elle n'avait pas eu son dernier enfant (le cinquième du couple, prénommé Arnaud et né en 2001, ndlr), elle aurait cherché un travail.
Une "conception différente" outre-Manche. Dans un communiqué, son avocat, Me Pierre Cornut-Gentille, déplore que des phrases "ainsi isolées à dessein et sorties de leur contexte donnent lieu à une telle exploitation médiatique", alors qu'une enquête judiciaire est en cours. "En mai 2007, quelques jours après la nomination de Monsieur François Fillon à Matignon, Madame Fillon tenait à faire comprendre à un journaliste britannique, comme on peut le lire dans l'interview publiée par le Sunday Telegraph daté du 30 mai 2007, qu'elle n'avait pas la même conception de son rôle que l'épouse du Premier ministre britannique de l'époque", écrit-il. "Elle revendiquait sa discrétion et son souci constant de ne pas apparaître comme exerçant un rôle politique public."
Sur le fond du dossier, et la matérialité de ses activités d'assistante parlementaire, l'avocat assure que Penelope Fillon "a apporté aux enquêteurs qui l'ont auditionnée toutes les informations et tous les détails démontrant l'existence d'un travail effectif". Le Parquet national financier a ouvert la semaine dernière une enquête préliminaire pour faire la lumière sur les soupçons d'emplois fictifs occupés par Penelope Fillon, qui empoisonnent la campagne du vainqueur de la primaire de la droite. En meeting jeudi soir dans les Ardennes, François Fillon s'est de nouveau défendu, affirmant qu'il n'y avait "rien d'illégal" dans le fait d'employer son épouse comme "collaboratrice".