Ophélie Meunier sous protection policière, comme l'un des témoins du reportage, Amine Elbahi, menacé de mort à plusieurs reprises. Le reportage de Zone interdite consacré à l'islamisme radical à Roubaix et diffusé dimanche sur M6 a des répercussions qui dépassent le cadre journalistique. Le témoin roubaisien explique d'ailleurs au micro de Philippe Vandel qu'après la diffusion de son numéro de téléphone sur les réseaux sociaux, le juriste a reçu des dizaines d'appels malveillants, mais qu'il ne regrette pas d'avoir participé au documentaire.
Invités dans l'émission Culture médias, la réalisatrice Michaëlle Gagnet et le rédacteur en chef et producteur Jean-Marie Tricaud reviennent sur les coulisses du tournage du reportage et répondent aux critiques, notamment de la part de certains habitants de Roubaix qui pointent une stigmatisation de la communauté musulmane.
"Nous avons pris soin d'être extrêmement équilibrés"
Michaëlle Gagnet indique avant tout que certains journalistes de la rédaction de M6 auraient refusé de faire ce reportage, pour cause de "difficulté (d'appréhender le sujet) ou de peur". Si les deux journalistes ne regrettent pas d'avoir réalisé ce documentaire, la réalisatrice explique ne pas adhérer aux critiques. "Nous avons vraiment pris soin d'être extrêmement équilibrés, et nous disons dès le début du reportage que Roubaix est une ville de 98.000 habitants, multiculturelle, où toutes les religions cohabitent", affirme la réalisatrice au micro de Philippe Vandel.
"C'est extrêmement clair, et il n'y a seulement que certaines rues de certains quartiers qui sont très communautaires. Ce n'est pas un problème en soi, sauf que dans certains magasins communautaires, il y a des boutiques qui prônent un islam radical, et c'est ce que dénonce Amine (Elbahi)", enchaîne Michaëlle Gagnet, qui réfute tout "amalgame". "Nous ne présentons pas du tout Roubaix comme une ville sous emprise islamiste", se défend la réalisatrice sur Europe 1.
La date de diffusion prévue d'abord deux ans après l'assassinat de Samuel Paty
Quelques passages du documentaire n'ont pas pu être faits sans l'utilisation de la caméra cachée. "Si on veut accéder à certains propos, on est obligé d'employer ce procédé", argumente la réalisatrice, qui en dit plus sur les coulisses du tournage : "Sur les quatre boutiques que nous avons filmées, et notamment le restaurant, on a demandé à deux d'entre elles explicitement de filmer en caméra ouverte. Évidemment, elles ont refusé."
Une autre critique sur le reportage concerne la date de diffusion, en pleine campagne présidentielle. Le producteur Jean-Marie Tricaud assure d'abord au micro d'Europe 1 que la diffusion était prévue dans un premier temps en octobre dernier, deux ans après l'assassinat de Samuel Paty. "Pour des raisons techniques, l'enquête n'était pas terminée, on avait encore du travail et on avait le souci que le sujet corresponde exactement à ce que l'on souhaitait", poursuit le rédacteur en chef de M6.
Jean-Marie Tricaud souligne : "C'est un sujet particulièrement sensible. Il nous semblait très important d'être totalement aligné par rapport à ce qu'on voulait dire (...). On s'est dit que le diffuser en janvier, c'était tout à fait possible. C'est quand même un sujet qui est dans la campagne électorale, et à partir du moment où on le traite de manière équilibrée, sans amalgame, pourquoi ne pas renseigner ce sujet-là ?"