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Propos haineux : une influenceuse franco-algérienne jugée en mars à Lyon

Europe 1 avec AFP Noémie Loiselle - Mis à jour le . 3 min

L'influenceuse Sofia Benlemmane comparaîtra en mars pour avoir publié des "menaces de mort" contre des opposants au gouvernement d'Alger, a annoncé le parquet de Lyon. Cette dernière a été placée sous contrôle judiciaire avant son procès avec une interdiction de sortir du territoire national et d'utiliser ses comptes sur les réseaux sociaux.

Après les arrestations d'influenceurs algériens à Brest, Grenoble et Montpellier pour des propos haineux, une tiktokeuse franco-algérienne comparaîtra en mars à Lyon pour avoir publié des "menaces de mort" contre des opposants au gouvernement d'Alger. Interpellée jeudi, "Sofia Benlemmane est déférée ce jour (samedi) à l'issue de sa garde à vue" et sera convoquée devant le tribunal correctionnel de Lyon le 18 mars, a indiqué le parquet de Lyon.

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"On est vraiment dans des conversations spontanées qui parfois vont au-delà du raisonnable"

Elle est poursuivie pour "provocation à commettre un crime ou un délit", "menaces de mort par image", "injure publique en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre" et "injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion" selon cette même source.

Suivie sur TikTok et Facebook par plus de 300.000 personnes, la femme âgée de 54 ans et sans emploi devra s'expliquer pour des vidéos publiées entre 2023 et début 2025, notamment un direct en septembre durant lequel elle a insulté une autre femme, en lui lançant "nique ta mère toi et ta France", "j'espère que tu seras tuée, j'espère qu'ils vont te tuer".

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Elle a été présentée samedi après-midi à un juge des libertés et de la détention qui l'a placée sous contrôle judiciaire avant son procès, avec interdiction de sortir du territoire national et d'utiliser ses comptes sur les réseaux sociaux, a indiqué son avocat Me Frédéric Lalliard à l'AFP. Elle devra se présenter au commissariat du premier arrondissement de Lyon chaque semaine.

Devant la presse, il a contesté toute infraction pénale dans les propos reprochés à sa cliente, évoquant des mots qui "ont pu être sortis de leur contexte, soit n'ont pas été traduits de manière correcte". "On est vraiment dans des conversations spontanées qui parfois vont au-delà du raisonnable, mais qui, en tout état de cause, n'ont aucun lien idéologique avec quelque gouvernement qu'il soit, avec quelque volonté de la part de Mme Benlemmane d'insulter, de salir des communautés, d'autres communautés ou d'autres races", a-t-il ajouté.

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Tensions diplomatiques entre la France et l'Algérie

Cette ancienne joueuse de football avait déjà fait parler d'elle en 2001 quand elle avait été condamnée à sept mois de prison avec sursis et trois ans d'interdiction de stade pour avoir pénétré sur la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d'un match amical France-Algérie. Si elle s'est opposée fermement au pouvoir en place à Alger il y a quelques années, son discours a depuis radicalement changé et elle affiche désormais un soutien au gouvernement actuel.

Elle fait de nouveau parler d'elle lors de la Coupe d'Afrique des nations. Elle affirme à propos de la Côte d'Ivoire, pays hôte de la compétition, "il faut que les Algériens sachent comment ils vivent ici, parce qu'ici, ils vivent dans la misère à l'ère préhistorique." Elle avait été expulsée de la Côte d'Ivoire après ses déclarations racistes.

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Sofia Benlemmane est visée avec cinq autres influenceurs algériens par des procédures en France pour des propos haineux, visant souvent des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.

Lundi, la préfecture du Rhône avait indiqué avoir effectué des signalements visant trois influenceurs basés à Lyon : Sofia Benlemmane et deux autres tiktokeurs connus sous les noms de "Abdesslam Bazooka" et "Laksas06". Les comptes des trois influenceurs lyonnais ont "été suspendus définitivement pour violation de nos règles communautaires", avait fait savoir TikTok.

Trois autres influenceurs algériens font déjà l'objet de poursuites pour des contenus comparables. Un Algérien de 59 ans surnommé Doualemn, a été arrêté à Montpellier après une vidéo litigieuse sur TikToK puis mis dans un avion jeudi après-midi pour l'Algérie d'où il a été renvoyé en France le soir même, l'Algérie l'ayant "interdit de territoire".

Cet épisode a suscité la colère du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui a accusé Alger de chercher à "humilier la France". Arrêté à Brest, un homme de 25 ans baptisé "Zazou Youssef" se voit reprocher une vidéo dans laquelle il appelait à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie. Placé en détention provisoire, il sera jugé le 24 février pour apologie du terrorisme et encourt sept ans de prison.

Un homme de 31 ans, surnommé "Imad Tintin", a été arrêté dans la banlieue de Grenoble pour une vidéo, retirée depuis, dans laquelle il appelait à "brûler vif, tuer et violer sur le sol français". Lui aussi sous écrou, il sera jugé le 5 mars pour provocation à des actes de terrorisme.