C'est sur Facebook, mais avec beaucoup de solennité dans le propos, que Nicolas Sarkozy a choisi de réagir lundi soir à la décision de la justice de lui accorder un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. "En décidant d’un non-lieu, la justice vient de me déclarer innocent dans le dossier Bettencourt", écrit l'ancien président qui se félicite que "la vérité soit enfin établie". Une mise en garde cependant : "Aux responsables politiques qui durant ces longs mois ont utilisé cette 'affaire' et participé à cultiver le soupçon, je veux rappeler combien la présomption d’innocence est un principe fondamental. On ne gagne jamais à calomnier. On ne fait qu’abaisser la démocratie", dit Nicolas Sarkozy.
Et à l'UMP, comment réagit-on ?
On s’était montré sévère avec l’institution judiciaire lorsque Nicolas Sarkozy avait été mis en examen dans l’affaire Bettencourt, ou quand, plus récemment, l’ensemble de la procédure avait été validée. Lundi, la donne a changé. La décision de non-lieu au bénéfice de l’ex-chef de l’Etat, rendu par les mêmes enquêteurs, a recueilli le satisfecit de ceux qui, hier encore, n’avaient pas de mots assez durs envers les juges d’instruction chargés du dossier.
"Heureux" Jean-François Copé. Il n’a pas réagi lui-même, mais l’un de ses fidèles lieutenants, s’en est chargé pour lui. Jean-François Copé s'est "longuement" entretenu lundi au téléphone avec Nicolas Sarkozy et lui a dit "combien il était heureux", a assuré indiqué le directeur de cabinet du président de l’UMP, sans donner plus de détails sur cet entretien téléphonique.
Fillon aussi se félicite. "J'avais dit le 22 mars que la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt m'apparaissait aussi injuste qu'invraisemblable. Il est heureux de constater que la justice disculpe aujourd'hui Nicolas Sarkozy", a commenté en toute fin de journée François Fillon sur son compte Twitter. Pas rancunier visiblement. Dans son court message, Nicolas Sarkozy en avait en effet aussi profité pour dire merci à "ma femme, ma famille, mes amis, ma formation politique et notamment son président Jean-François Copé, et surtout tous les Français dont la fidélité envers et contre tout m’a bouleversé". Sans jamais citer son ancien Premier ministre.
J'avais dit le 22 mars que la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt m'apparaissait aussi injuste qu'invraisemblable— François Fillon (@FrancoisFillon) October 7, 2013
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"Tout à fait justifié juridiquement". Rachida Dati a elle enfilé ses habits d’ancienne ministre de la Justice pour commenter la nouvelle. "Le non-lieu est tout à fait justifié juridiquement. La justice fait son travail, en toute sérénité, loin du spectacle médiatique", a-t-elle déclaré devant quelques journalistes. "Dès le départ dans cette procédure, je l'avais dit, la qualification retenue était inappropriée", a jugé la députée européenne. "On disait que le calendrier judiciaire pouvait donner le tempo au calendrier politique. Le calendrier judiciaire tombant, il n'est plus tenu par ce calendrier judiciaire. En tout cas, son calendrier politique n'est plus tenu par le calendrier judiciaire", s'est encore félicitée la maire du 7e arrondissement de Paris, qui continue à voir régulièrement Nicolas Sarkozy.
Karoutchi raille la "profonde déception" de certains. Roger Karoutchi est également resté un très proche de l’ancien président. Et lui pense aux ennemis de Nicolas Sarkozy. "Même si je n’ai jamais considéré que cette affaire pouvait empêcher l’expression politique libre, le retour éventuel de Nicolas Sarkozy, certains, à gauche et à droite, espéraient que le boulet des affaires, de la mise en examen, gênerait ce retour", a rappelé le sénateur des Hauts-de-Seine sur Europe 1. "Ce matin, c’est une grande joie chez des millions d’électeurs de droite qui peuvent se dire : ‘Le patron peut s’exprimer librement’. Et il y a probablement une profonde déception chez quelques-uns à gauche et à droite. Qui doivent se dire : ‘Ah, le v’la’ !"
Twitter, lieu d’épanchements. D’autres ont choisi Twitter pour dire, le plus vite possible, leur joie de voir Nicolas Sarkozy innocenté dans cette affaire.
Si c'est confirmé, le non lieu est une très bonne nouvelle. Notre pays a besoin de Nicolas Sarkozy. http://t.co/kk1f3Ybs19— Christian Estrosi (@cestrosi) October 7, 2013
Non-lieu pour Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt: je n'en avais jamais douté— Valérie Pécresse (@vpecresse) October 7, 2013
Non-lieu pour @NicolasSarkozy dans l'affaire Bettencourt : une bonne nouvelle mais qui ne m'étonne pas je n'ai jamais douté de sa probité— Nadine Morano (@nadine__morano) October 7, 2013
Un malheureux : Eric Woerth. Parmi ces réactions, pas une ne cite Eric Woerth, qui a lui été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour abus de faiblesse. "Je ne cache pas ma surprise, je dirais même ma stupéfaction. Eric Woerth a toujours dit qu’il n’avait rien reçu et Patrice de Maistre a toujours dit qu’il ne lui avait rien remis", a regretté maître Jean-Yves Le Borgne, l’avocat de l’ancien ministre du Budget, sur Europe 1. "Je ne doute pas qu’à un moment ou à un autre, des juges voyant les choses clairement, lucidement, tranquillement, avec le recul nécessaire, ne conclue à l’innocence d’Eric Woerth", a-t-il espéré.
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