Après l’annonce de l’ouverture d’une enquête sur le rôle joué par Christine Lagarde dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais, la gauche est montée au créneau, fustigeant la délicate position de la directrice générale du FMI.
François Hollande, ancien premier secrétaire du Parti socialiste, et candidat à la primaire, y a vu "deux conséquences". "Elle renvoie sur le chef de l’Etat la responsabilité d’un choix de faveur au bénéfice de Bernard Tapie, et elle affaiblit la position de Mme Lagarde à la direction du FMI dans un moment particulièrement difficile". Le président du Conseil général de la Corrèze a même parlé de "soupçon d’arrangement".
Martine Aubry, sa principale concurrente à la primaire socialiste a "demandé que la lumière soit faite". Les Français ont le droit de savoir si des décisions ont été prises au mépris de l'intérêt général et, le cas échéant, qui les a prises".
Christine Lagarde "affaiblie"
Aurélie Filippetti, députée PS a elle aussi mis en cause Nicolas Sarkozy. "Il paraît évident, au vu des sommes en jeu, que celle qui était ministre de l’Economie a eu l’accord de l’Elysée", a-t-elle confiée au JDD.fr. "Nicolas Sarkozy est derrière tout ça", juge-t-elle.
Corinne Lepage, eurodéputée et dirigeante de Cap 21, estime pour sa part que la "situation risque d’affaiblir le nouveau directeur du FMI et l’institution, alors que les Etats connaissent l’une des plus graves crises de leur histoire".
Le PCF, dans un communiqué, a estimé que l'ouverture de cette enquête était "tout sauf une surprise". Le parti d'extrême gauche a ajouté que le "peuple grec, dont l'économie nationale, exsangue, est livrée en pâture aux marchés financiers, n'a pas bénéficié, lui, de la même mansuétude que Bernard Tapie de la part de la désormais patronne du FMI".
"Nouvelle humiliation" pour Le Pen
Marine Le Pen, la présidente du Front national, a jugé que "la France risquait une nouvelle humiliation internationale après l'affaire DSK. Et c'est Nicolas Sarkozy qui, dans les deux cas, en est responsable, avec la complicité du Parti socialiste".
Le député du Nouveau centre Charles de Courson a salué l'ouverture de l'enquête comme "une triple bonne nouvelle". "C'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui croient en l'indépendance de notre justice", a d'abord expliqué celui qui avait demandé sans l'obtenir l'annulation de l'arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais au Conseil d'Etat.
"C'est aussi une très bonne nouvelle pour tous ceux qui ont toujours défendu la souveraineté de notre Parlement en matière financière. Enfin pour ceux qui croient en la bonne gestion des fonds publics".
"Etape décisive" pour Bayrou
Le centriste François Bayrou a salué "une étape décisive sur le chemin de la vérité" dans une affaire "qui restera comme un des plus grands scandales sinon le plus grand scandale de la Ve république". Le président du MoDem, candidat aux présidentielles de 2002 et 2007, estime que Christine Lagarde "fait peser un lourd soupçon sur l’enchaînement des décisions d’Etat".
François Bayrou a également regretté qu’une "autre direction générale française apparaisse dans une lumière discutable", après Dominique Strauss-Kahn, soupçonné d’agression sexuelle sur une femme de chambre le 14 mai et dont Christine Lagarde a pris le relai à la tête du Fonds mondial le 28 juin.
L’UMP appporte son "soutien total"
De son côté, l’UMP a tenu à apporter son "soutien total" à l'ancienne ministre des Finances et a dénoncé les réactions du Parti socialiste après l'ouverture d'une enquête de la CJR. L'UMP a considéré cette étape comme "tout à fait normale" et expliqué que cela "permettra avant tout de faire toute la lumière sur ce sujet, loin des vaines tentatives d'amalgames et des insinuations du PS".
La porte-parole du gouvernement a appelé l'opposition "à faire preuve de retenue" et "à respecter scrupuleusement" la séparation des pouvoirs et la présomption d'innocence, a commenté Valérie Pécresse sur RTL.