Il comparait pour "complicité d'escroquerie et de détournement de fonds publics". Alors que commence la deuxième semaine du procès de l'affaire Tapie, Stéphane Richard, actuel PDG d'Orange, est lui aussi sur le banc des prévenus. Mais il l'assure, il ne sait même pas ce qu'il fait là.
Accusé de "complicité d'escroquerie et de détournement de fonds publics". L'ancien directeur de cabinet de la ministre de l'Économie de l'époque, Christine Lagarde, est soupçonné de s'être abstenu d'informer la ministre de plusieurs notes défavorables à l'arbitrage et de lui avoir caché la tenue d'une réunion cruciale, le 30 juillet 2007, au cours de laquelle le principe du recours à cette procédure aurait été validé, en présence de Claude Guéant. Le parquet lui reproche également d'avoir "utilisé la griffe", c'est-à-dire la signature pré-imprimée de Christine Lagarde, pour signer à son insu "un courrier crucial dans la décision de recourir à un tribunal arbitral". Concrètement, il lui est reproché d'avoir facilité l'organisation de l'arbitrage controversé sur la vente d'Adidas.
>> LIRE ÉGALEMENT - Les clés pour comprendre les enjeux du procès Tapie
Des accusations "surréalistes". Une hypothèse que Stéphane Richard n'imagine même pas, tant il juge "surréalistes" les accusations dont il fait l'objet. A son poste de directeur de cabinet à Bercy, il a rencontre Bernard Tapie trois fois avant la validation de l'arbitrage, dont une fois lors d'une réunion à l'Elysée. Mais sa défense avance qu'il n'a pas choisi les juges arbitres, ni même participé à l'élaboration du compromis qui a octroyé 400 millions d'euros à Bernard Tapie.
>> De 5h à 7h, c’est "Debout les copains" avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici
"Un cauchemar" selon ses proches. Stéphane Richard vit donc comme une profonde injustice d'être sur le banc des prévenus, il ne s'est absenté du procès que deux jours pour suivre Emmanuel Macron lors de son déplacement en Afrique, au titre de patron d'Orange. Il n'a jamais revu Bernard Tapie depuis une dizaine d'années et ne lui adresse pas la parole dans la salle d'audiences, où il observe avec retenue ses coups de colère. Cette semaine, il devrait donc tenter de faire entendre aux magistrats sa profonde révolte, son sentiment de subir un acharnement après une instruction qu'il estime à charge.
Un "cauchemar" disent ses proches, qui relèvent en coulisses que sa ministre, Christine Lagarde, avait uniquement été reconnue coupable de négligence dans ce dossier, et n'avait écopée d'aucune peine devant la Cour de justice de la République.