Martine Aubry, très discrète ces derniers mois sur la scène politique nationale, affirme dans un entretien à RTL avoir été "bouleversée" par son implication dans le dossier de l'amiante. "Pendant les deux mois entre la convocation et le moment où j'ai été auditionnée par le juge, j'ai été, autant le dire, bouleversée par cela", déclare l'ancienne première secrétaire du PS dans cet entretien diffusé mardi soir sur le site rtl.fr. "De manière plus douloureuse, j'ai eu peur que les Français à un moment donné puissent croire que j'avais failli, ce qui n'est pas le cas", dit-elle aussi.
Martine Aubry a été mise en examen début novembre pour homicides et blessures involontaires par la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, qui s'intéresse notamment à la réponse des pouvoirs publics entre les années 1970 et l'interdiction de l'amiante en 1997. Elle est poursuivie en tant qu'ex-directrice des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre 1984 et 1987. La juge estime qu'elle n'aurait pas pris les mesures qui auraient permis d'éviter les conséquences dramatiques de cette exposition.
"Comment pouvait-on me reprocher une faute qui d’ailleurs n’existe pas, ce que reconnaît le juge, 20 ans avant que la commission européenne n'interdise l’amiante", se défend Mme Aubry au micro de RTL.
"Nous sommes nombreux à être mis en examen. J'ai l'impression qu'on utilise un petit peu mon nom", ajoute la maire de Lille. Son audition par la juge Bertella-Geffroy l'aurait toutefois rassurée. "Depuis que j'ai été auditionnée, je sais bien que tout ça se terminera correctement, car il n’y a pas de faute à me reprocher".
Martine Aubry dit penser aux victimes de l'amiante qu'elle a pu côtoyer dans la région du Nord où elles sont nombreuses. "J'espère qu'(elles) pourront avoir un procès, comprendre ce qui s'est passé". "C'est vraiment un domaine sur lequel j'ai beaucoup travaillé : j’ai moi-même mis en place la préretraite pour les amiantés, l’indemnisation", dit encore l'ancienne numéro deux du gouvernement Jospin (1997-2002). "Je pense que nous devons comprendre ce qui s'est passé et aller jusqu'au bout".