Certains cancers du larynx et des ovaires sont bien liés à une exposition à l'amiante, ont confirmé lundi les autorités sanitaires françaises, se prononçant pour faciliter leur indemnisation comme maladie professionnelle. Ces deux types de cancers sont "sous-déclarés et sous-reconnus", quand ils sont liés à une exposition professionnelle à l'amiante, a estimé dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Celle-ci, qui avait été saisie par plusieurs ministères (Santé, Travail...) pour évaluer le sujet, vient de rendre un rapport dans lequel elle confirme l'existence d'un lien de cause à effet entre ces cancers et l'exposition à l'amiante. En revanche, l'Anses n'a pas examiné le lien entre l'amiante et d'autres cancers - pharynx, estomac, colorectaux -, alors que cela lui avait été demandé. Elle explique ce choix par des considérations de "ressources" et de "calendrier".
L'amiante, utilisé pendant plusieurs décennies au cours du XXe siècle dans la construction de bâtiments, est désormais interdit dans de nombreux pays comme la France, en raison de ses effets dangereux pour la santé.
Une meilleure indemnisation des malades
Son lien avec les cancers du larynx ou des ovaires était déjà reconnu depuis plusieurs années par différents organismes, dont l'Institut de veille sanitaire - ancêtre de l'actuel Santé publique France - et, à l'étranger, le Centre international de recherche sur le cancer, lié à l'ONU.
Il est toutefois documenté de manière moins bien détaillé que pour d'autres cancers, comme ceux de la plèvre ou du poumon. "L'amiante étant couramment associé aux cancers des poumons et de la plèvre, ni les médecins ni les malades ne font le lien avec d'autres cancers", a regretté Alexandra Papadopoulos, cadre de l'Anses, citée dans le communiqué.
L'institution ouvre donc la voie à une meilleure indemnisation des malades, en favorisant leur reconnaissance comme maladie professionnelle. Elle se prononce pour la création de tableaux de maladies professionnelles pour ces deux types de cancers, comme c'est déjà le cas pour ceux des voies bronchopulmonaires.
Une telle mesure créerait une "présomption d'origine" pour les cancers concernés, ce qui faciliterait les démarches des patients. "Actuellement, il est déjà possible de faire reconnaître ces cancers en tant que maladie professionnelle, mais cela demande à la victime d'apporter la preuve du lien entre le cancer et son travail", a expliqué Mme Papadopoulos.