Les Etats-Unis ont Sarah Palin et Michele Bachmann. Les Européens, eux, ont Marine Le Pen, Krisztina Morvai ou encore Siv jensen. Ces dix dernières années, une nouvelle génération de femmes politiques d'extrême-droite a réussi à s'imposer sur le devant de la scène politique. Leur point commun ? Donner un autre visage de l'extrême, plus moderne, plus féminin. Une stratégie de façade pour mieux faire passer les mêmes messages xénophobes, accusent leurs détracteurs. Reste que ces nouvelles égéries de l'extrême-droite engrangent de bons résultats électoraux. Dernière en date : Marine Le Pen. Pour sa première campagne présidentielle, la frontiste a explosé (17,9%) le record de son père en 2002.
43 ans et déjà à 18%
Depuis qu'elle a succédé à son père à la tête du parti en 2011, Marine Le Pen a opéré engagé une stratégie de normalisation du FN, cherchant à tourner la page des dérapages et provocations de son prédécesseur. A côté de l'habituel triptyque "contre les élites, contre les immigrés, contre les marchés financiers", l'ancienne avocate, souriante, dotée d'un bon sens de la formule a réussi à amener l'extrême droite à un niveau jamais vu.
Sylvain Crépon, sociologue spécialiste du FN l'explique sur Europe 1 : le fait que la patronne du FN soit une femme a également joué. Preuve en est : le vote FN, jusqu’ici très masculin, s'est rééquilibré en attirant 20 % d’hommes contre 18 % de femmes. A l'intérieur de ce vote, 27% des électeurs sont des femmes, un chiffre en constante progression. Pour Sylvain Crépon, c'est "la grande nouveauté de ce scrutin".
De son côté, Mariette Sineau, directrice de recherche au CEVIPOF estime dans une interview à Elle que " le passage de témoin du père à la fille pour représenter le Front national a indéniablement joué" dans ce bon score. "Que le FN soit désormais incarné par une jeune femme, blonde, mère de jeunes enfants est un élément d’explication", ajoute-t-elle.
Dans La Croix, la politologue Nonna Mayer fait le même constat. "C’est une femme, jeune, plus ouverte sur les questions de société qui présente le message du FN sous une forme moins brutale que son père". Pour cette spécialiste du Front national, ce message peut contribuer à "faire mieux passer auprès d’électrices qui paradoxalement rejettent le FN mais se montrent autant et parfois plus que les hommes sensibles aux questions d’immigration et de sécurité".
La Marine Le Pen danoise
Au Danemark, Marine Le Pen se prénomme Pia Kjaersgaard. Sous sa gouverne, le Parti populaire danois est devenu en l'espace d'une décennie la troisième force la plus influente du pays. Ancienne assistante de direction, ancienne assistante à domicile pour personnes âgées, Pia Kjaersgaard n'a pas le parcours d’un énarque.
Mais son discours "anti-système" et un charisme certain lui ont permis d'enregistrer de faire mouche aux différentes élections. En 2007, son parti obtient 24 sièges de députés au Folketing (Parlement danois) avec un score national de 13,2 % des voix. En 2011, il remporte 12,3% des voix aux élections législatives.
Une défenseure du droit des homos en Hongrie
Députée européenne comme Marine Le Pen, Kristina Morvai est depuis quelques années l'une des figures emblématiques du parti nationaliste hongrois Jobbik (16% des voix législatives de 2009). Cette juriste de formation est une spécialiste des droits des femmes, sensible à la cause des homosexuels. Ses interventions au Parlement européen, dont elle dénonce la mafia financière sont souvent houleuses.
Elle ne craint pas non plus les dérapages. En 2009, sa lettre ouverte dans un forum Internet à un détracteur fait grand bruit ("je serais heureuse que ceux qui se déclarent des juifs hongrois fiers s'amusent avec leurs petits zizis circoncis au lieu de me diffamer").
Regardez l'une de ses interventions au Parlement européen :
Krisztina Morvai (Hongrie) au parlement européenpar rikiaiUne lettre polémique qui n'a pas empêché Kristina Morvai de poursuivre son ascension. Elle représentera le parti nationaliste hongrois à la prochaine élection présidentielle.
"Combattre l’islam radical, c'est comme combattre le nazisme"
L'alter ego norvégien de Marine Le Pen a un nom : Siv Jensen. Très ferme en matière d'immigration, cette femme de 42 ans est à la tête du FrP (le Parti du progrès) depuis 2006. Sa formation gagne 41 des 169 sièges au parlement de la Norvège aux élections législatives de 2009. 22,9%. Du jamais vu.
Forte d'un discours résolument islamophobe, la leader d'extrême droite est pointée du doigt au moment de la tuerie de juillet 2011. Après la double fusillade, elle reconnait à la télévision norvégienne : "Anders Behring Breivik a bien été un membre de notre parti". Mais elle ajoute : "c'est un acte totalement irréel qui affecte toute la nation".
Il n'empêche, Siv Jensen est à la tête d'un "parti fortement anti-immigration", analyse Bernt Aardal, politologue à l'université d'Oslo. Son crédo : "combattre l’islam radical, c'est comme combattre le nazisme et le communisme" et la défense d'Israël. Siv Jensen a également "une plate-forme d'idées plus large, par exemple en faveur d'un Etat social", explique le politologue. Ultralibéral là où le Front national prône le protectionnisme, le Parti du progrès norvégien a, cependant, comme son homologue français, la cote auprès des jeunes (son organisation de jeunesse arrive en tête des élections scolaires). En 2013, cette petite-fille d'une figure du féminisme en Norvège briguera le poste de Premier ministre.
Daniela Santanchè, la scandaleuse
Leader de La Destra, puis du Mouvement pour l'Italie, cette ex-épouse d’un chirurgien esthétique n'a pas froid aux yeux. Farouchement hostile à l'Islam, (elle a fait du combat contre le port du voile islamique son fer de lance), la députée italienne a été placée sous protection policière en 2006, après avoir été prise à partie par un imam fondamentaliste lors d’un débat télévisé sur le port du voile islamique. Ce qui ne l'empêchera pas de déclarer trois ans plus tard, en plein débat sur l’interdiction des crucifix dans les écoles italiennes : “Mahomet est un polygame et un pédophile".
Ecoutez l'intervention de Daniela Santanchè :
En 2010, la secrétaire d'Etat du gouvernement Berlusconi s'offre une nouvelle sortie: "les transsexuels sont des personnes malades". Friande des médias (elle a participé au lancement de l'hebdomadaire gratuit de la presse à ragots, Io Spio (“J’espionne”), Daniela Santanchè compte nombre de fréquentations dans le show-biz.