Après avoir prôné le rassemblement dès le début de l’affaire DSK, le Parti socialiste fait un appel du pied au président de la République. C’est Harlem Désir qui, jeudi, a demandé publiquement l’intervention de Nicolas Sarkozy pour la remise en liberté provisoire de Dominique Strauss-Kahn, emprisonné depuis lundi soir à New York.
"Je ne demande pas un traitement de faveur, je demande un traitement digne, il faut une justice équitable (…) Il n’était pas inéluctable que la police offre en spectacle la sortie de Dominique Strauss-Kahn menotté. Il n’était pas inévitable qu’il soit mis en détention préventive", a-t-il déclaré jeudi sur Europe 1.
Harlem Désir, qui précise qu’il s’exprime "à titre personnel", a ajouté : "on sait bien que la justice américaine a voulu s’assurer des garanties de représentation, mais on pouvait s’assurer qu’il viendrait par d’autres moyens. Il n’était pas indispensable qu’il soit mis dans ce centre de détention".
Sarkozy est "parfois intervenu"
Cet appel du pied, le numéro 2 du PS le justifie ainsi : "le président de la République est parfois intervenu pour s’assurer que nos compatriotes puissent organiser leur défense de la meilleure façon".
Tout en précisant que "les droits de la victime doivent être respectés", Harlem Désir demande que DSK ait les moyens de prouver son innocence. "Il y a une procédure, on verra ce qu'il en est de la vérité. Dominique Strauss-Kahn a dit ce matin, dans sa lettre(ndlr sa lettre de démission du FMI), qu’il voulait clamer son innocence. Je souhaite qu’il puisse organiser sa défense, pour démontrer cette innocence. Je souhaite aussi le respect de la justice, et qu’on cesse cette politique spectacle", a-t-il demandé.
"Serrer les rangs en tant que Français"
"Je m’exprime comme un citoyen, qui voit un de nos compatriotes cloué au pilori médiatique, dans un système judiciaire effroyable, en tous cas dans sa mise en scène", précise le numéro 2 du Parti socialiste. "Je demande aussi que les médias respectent la loi sur la présomption d’innocence dans le choix des images qu’ils diffusent".
"J’aimerais que l’on serre les rangs en tant que Français. Je ne voudrais pas que, parce que c’est une personnalité française, et que ça se passe aux Etats-Unis, on laisse un traitement particulièrement dégradant s’installer dans la presse", conclut-il.
En déplacement dans le Var jeudi, le chef de l’Etat n’a pas réagi à cet appel d’Harlem Désir. Depuis le début de l’affaire, la politique de l’Elysée est en effet de ne faire aucune allusion à Dominique Strauss-Kahn.
Un cas différent de Florence Cassez
Le directeur général du FMI, qui nie les faits, devait demander dans la journée à une juridiction d'appel une remise en liberté contre paiement d'une caution d'un million de dollars, assignation à résidence à Manhattan et promesse de ne pas demander un retour en France. Le système judiciaire américain étant indépendant du pouvoir exécutif, l'Elysée n'a aucun moyen procédural d'intervenir dans l'affaire, ce qui n'était pas le cas dans le dossier Cassez.