C’était le verre de trop pour Maurice Melliet. Ce militant du Parti de Gauche (PG), pressenti pour être candidat à Périgueux, a finalement été désavoué par sa formation. Son tort : avoir bu un apéritif au local d’un candidat de droite.
"Moi je ne vois pas de mal à ça". Figure associative locale de 69 ans, encarté depuis deux ans au PG, Maurice Melliet s’est arrêté samedi pour prendre un verre - un whisky - à la permanence du candidat Divers droite, d'où l'avaient hélé deux amis sur son passage. "On était en train de tracter avec ma colistière. Je passe dans une petite rue et je découvre la permanence de Jean-Paul Daudou. Cela fait 30 ans que je suis à Périgueux, j’ai des amis qui sont de droite ou de gauche. La porte s’ouvre et deux ou trois copains me disent : ’Maurice, vient boire un coup !’ Moi je ne vois pas de mal à ça", a raconté à Europe 1 celui qui se décrit comme "de gauche quasiment de naissance", mais toujours "enrichi" au contact des différences, y compris à droite.
"Le PG n’accepte aucune collusion ou arrangement". L'apéro a été mentionné de façon anodine dans la presse, mais relayé à la direction du PG, qui n'a guère goûté notamment la présence d'Yves Guéna, gaulliste historique de 91 ans et ancien maire de Périgueux. Maurice Melliet, lui, ne comprend pas : "au fond de la salle, je vois monsieur Guéna, que je connais depuis 30 ans, donc je vais le saluer car c’est un homme quand même tout à fait respectable, même s’il est à droite. Mélenchon, cela ne l’a jamais empêché d’aller boire un coup avec la droite", a-t-il regretté. Un communiqué lundi de la coprésidente du PG Martine Billard a désavoué Maurice Melliet. "Le candidat, choisi par les militants locaux du PG de Périgueux, mais non validé par les instances nationales, a été vu prenant l'apéritif avec Yves Guéna au local de campagne du candidat divers droite", indique le communiqué. "Le Parti de gauche n'accepte aucune collusion ou arrangement, de quelque sorte que ce soit, avec la droite à Périgueux comme ailleurs dans le pays", poursuit le PG, qui en "tire les conséquences: Maurice Melliet n'est pas et ne sera pas le candidat du parti à Périgueux".
"Je ne peux pas accepter ça". Maurice Melliet, écoeuré mais pas abattu, a indiqué qu'il rendrait sa carte du parti, même s'il est prêt à "repartir, s'ils me font des excuses". Mais de lui-même, il n'ira pas plaider sa cause auprès de "gens qui n'ont rien compris". Par contre, il continuera avec sa liste "Franchement à gauche", pour laquelle il cherche 35 colistiers. Et comme il préside un club de poésie, il prépare un poème à la direction du PG sur sa mésaventure. "Je vis avec eux dans cette ville, on se rencontre dans des vernissages, des congrès, et aujourd’hui, je dois les ignorer. Non, ce n’est pas du tout ma façon d’être, je ne peux pas accepter ça", a-t-il lâché au micro d'Europe 1.
Un secrétaire du PG local furieux. Mais la ligne édictée par Martine Billard n’a pas franchement plu au sein de la fédération locale. Serge Rischmann, un co-secrétaire de cette section, a ainsi publié un billet assassin sur son blog Franchement à gauche. Il dénonce ainsi "des mots d’une violence inouïe pour… un apéro entre potes" et n’hésite pas à convoquer l’Inquisition. "La réalité est pire : les furieux de l’Inquisition siégeaient en tribunal, l’hérétique comparaissait et pouvait se faire entendre à défaut de se défendre. Il n’a même pas été accordé cette grâce à Maurice, il n’a cependant pas subi la Question, mais il aurait bien voulu qu’on lui en pose", peste-t-il encore.