ClaudeGuéanta rencontré vendredi à Milan son homologue italien, Roberto Maroni. Le ministre de l’Intérieur lui a fait part de son scepticisme face à la décision des autorités italiennes de délivrer un permis de séjour provisoire aux milliers de clandestins tunisiens arrivés en Italie depuis le 1er janvier via l'île de Lampedusa. Ce qui leur permet de circuler en toute légalité dans l’espace Schengen.
Si l'heure est désormais à l'apaisement entre les deux pays, Christian Estrosi, maire de Nice, s’est montré sans concession vendredi sur Europe 1 : "lorsqu'à 25 kilomètres de la frontière, nous avons un afflux massif d’immigrés, notamment tunisiens, nous devons nous demander si les forces de l'ordre, si les mesures entre la France et l'Italie nous éviteront un afflux à travers nos frontières".
"Un drôle de signe de générosité"
Pour faire face à cet afflux, l'élu de la majorité met en avant la circulaire mise en place par Claude Guéant jeudi et adressée aux préfets : "pour rentrer en France par exemple (...), il faut remplir cinq conditions", rappelle-t-il. "L'autorisation de séjour d'abord, le document de voyage ensuite délivré par le même état dont il viendrait, c'est-à-dire l'Italie, justifier de ressources suffisantes, ne pas constituer une menace à l'ordre publique et ne pas être rentré en France depuis trois mois", enumère le maire de Nice. Et selon lui, "aucun" des migrants tunisiens "ne remplira les conditions (...) Ils n'auront pas ces documents là parce que les documents ne seront pas complets", estime-t-il.
Et même si l’Italie leur offre un visa temporaire, le député UMP promet que "ces gens ne rentreront pas en France". "Si l’Italie tentait par tous les moyens de donner des documents qui permettent de franchir les frontières, ce serait un drôle de signe de générosité car on ne peut pas être généreux avec le territoire des autres. C’est pour ça que nous ne les laisserons pas rentrer", a-t-il insisté.
"Nous n'en avons pas les moyens"
Pour résoudre la question, Christian Estrosi a sa propre idée. Il demande à ce que "la France arrête de distribuer un certain nombre de prestations sociales d’un niveau supérieur à l’ensemble des autres Etats membres de l’UE" aux migrants. "La solidarité, ça n'est pas à la France de l'assumer toute seule", a-t-il aussi souligné. "Nous n'en avons pas les moyens".
Et d’argumenter : "il ne peut pas y avoir un certain nombre d'avantages sociaux d'un niveau supérieur en terme de prestations à une immigration illégale par rapport aux autres pays de Schengen. Il faut une harmonisation au niveau européen ou réviser les choses à la baisse", a préconisé Christian Estrosi. "Je ne comprends pas qu'on vienne se masser à la frontière française depuis l'Italie".