Plus de la moitié (54%) des Français se disent "mécontents" de l'action de François Hollande comme président de la République, contre 46% qui s'estiment "satisfaits", selon un sondage Ifop à paraître samedi dans le Figaro.
Dans cette étude réalisée 100 jours après l'élection, seules 3% des personnes interrogées sont "très satisfaites" de l'action du chef de l'Etat et 43% "plutôt satisfaites". Elles sont en revanche 38% à se dirent "plutôt mécontentes" et 16% "très mécontentes" de ses débuts à l'Elysée.
À la même époque, Nicolas Sarkozy rassemblait jusqu'à 70% d'opinions favorables pour son action, selon les sondages réalisés en août 2007.
Pour 57%, Hollande tient ses engagements
Pour plus de la moitié des personnes interrogées (51%), les choses changent "plutôt en mal" en France, alors que 17% d'entre elles considèrent qu'elles changent "plutôt en bien". Un Français sur trois estime par ailleurs qu'"elles ne changent pas" du tout.
Une large majorité des sondés (57%) considère en revanche que François Hollande tient ses engagements de campagne (5% "tout à fait" et 52% "plutôt"). Mais pour 34% d'entre eux, il ne les tient "plutôt pas" et pour 9% "pas du tout".
71% approuvent la retraite à 60 ans
Si l'action du chef de l'Etat suscite le scepticisme, les personnes interrogées approuvent, souvent massivement, les principales mesures prises depuis le début du quinquennat, notamment les plus symboliques.
En effet, 82% d'entre elles plébiscitent la diminution de 30% de la rémunération du président et des ministres, et seulement 12% n'en sont "pas satisfaites". De plus, 75% sont également satisfaites du retrait d'ici fin 2012 des troupes combattantes françaises d'Afghanistan. Et 71% approuvent le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans.
L'encadrement des loyers (68% de satisfaits, contre 24%), le recrutement de 1.000 enseignants en primaire dès 2012 (67%, contre 26%) et l'augmentation de l'ISF (67%, contre 26% également) recueillent également une large adhésion. Une bonne majorité (59%) des personnes interrogées se disent satisfaites de l'augmentation de 2% du smic, mais 36% ne sont "plutôt pas satisfaites" de cette mesure.
Heures sup' : la défiscalisation ne convainc pas
En revanche, la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, une mesure pourtant emblématique du quinquennat Sarkozy, ne satisfait que 30% d'entre elles, 61% n'étant "plutôt pas satisfaites" de cette mesure.
Seuls 24% des sondés sont satisfaits de la hausse de la fiscalité sur les droits de succession, 64% d'entre eux n'étant "plutôt pas satisfaits".
L'enquête a été réalisée en ligne du 6 au 8 août, auprès d'un échantillon de 1.004 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, informe l'Ifop.
"Un État de gravité dès le départ"
"Mon impression, c'est qu'au coeur de l'été il y a une léthargie qui s'est installée au sommet de l'Etat que je trouve préoccupante", a commenté Bruno Le Maire, député UMP et ancien ministre de l'Agriculture.
"Je comprends parfaitement qu'on donne du temps au temps. Je crois que c'est toujours important d'ouvrir le dialogue, de discuter et de prendre le temps de prendre un certain nombre de décisions, mais je commence à être sérieusement inquiet par le manque de décisions structurelles prises par François Hollande et par son manque de leadership", a-t-il ajouté.
"François Hollande gère le temps", rétorque le député socialiste François Rebsamen. "Le choix est de ne pas surcharger le Parlement de projets de lois et de regrouper dans la loi de finances rectificative l'ensemble des mesures d'urgence qui permettaient de tenir les engagements de la France assure-t-il. Pour le reste, les décisions attendront le temps de la concertation, qui n'est pas du temps perdu mais permet au contraire d'en gagner en facilitant la mise en oeuvre des décisions."
"Il n'y a pas eu d'état de grâce mais un état de gravité, dès le départ", résume Stéphane Rozès, politologue et président de la société Conseils, analyses et perspectives (CAP). Et lui de conclure "François Hollande est en train de manger son pain blanc. Le sujet c'est : est-ce qu'à l'issue de tout ça, le pays va avancer ?".