Comparer la chancelière allemande à Bismarck ou à Hitler, parler de "Diktat" allemand... La crise de la zone euro et la politique européenne de l'Allemagne a suscité une vague de déclarations qualifiées de "germanophobes" de la part d'une partie de la classe politique française.
Sarkozy et les accords de Munich
Jean-Marie Le Guen a été le premier à dégainer. Le 24 novembre, alors que la France, l'Allemagne et l'Italie se retrouvaient à Strasbourg pour un mini-sommet de crise, le député socialiste a comparé Nicolas Sarkozy à Edouard Daladier allant signer les accords de Munich . Des accords signés en 1938 avec Adolf Hitler.
Arnaud Montebourg a, lui, accusé Angela Merkel de mener "une politique à la Bismarck". "Un nom (...) qui reste dans l'inconscient collectif français comme un symbole de l'ennemi héréditaire. Un nom qui évoque la Prusse, le Reich, la guerre de 1870 et la perte de l'Alsace et de la Lorraine, et par extension tout ce qui en a découlé : deux guerres mondiales qui ont fait plusieurs millions de morts", rappelle RFI.
Montebourg fait "du Front national à gauche"
La déclaration du troisième homme de la primaire socialiste a indigné, autant à gauche qu'à droite. L'eurodéputé écologiste, Daniel Cohn-Bendit, de nationalité allemande, a accusé Arnaud Montebourg de faire "du Front national à gauche" et a regretté les "relents de nationalisme". Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault - par ailleurs professeur d'allemand - a tenté de calmer le jeu : "Je ne conseille pas d'aller sur ce terrain car on perdra à coup sûr", a-t-il déclaré.
Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a tenté une lecture internationaliste de la déclaration d'Arnaud Montebourg. Selon lui, il ne faut pas s'opposer à Angela Markel parce qu'elle est allemande mais parce qu'elle est "de droite et conservatrice".
A l'extrême-droite, c'est Marine Le Pen qui a fait polémique. Réagissant au discours de Toulon de Nicolas Sarkozy, la présidente du Front national a dénoncé "l'annonce d'une Europe à la schlague, c'est-à-dire l'Europe qui entraîne la perte de notre souveraineté". "'Schlag' est un mot allemand, qui se traduit par gifle ou coup, ce qui aide pour atteindre le but recherché : frapper les esprits plutôt que les faire fonctionner". Marine Le Pen a par ailleurs fait référence à un "diktat allemand", tout comme le député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg.
"Les vieux démons de la germanophobie"
Face à cette succession de déclarations, le patron de la diplomatie française est sorti de sa réserve. Le ministre UMP des Affaires étrangères, Alain Juppé, a de son côté estimé vendredi que les socialistes "prenaient les risques de ressusciter en France les vieux démons de la germanophobie", jugeant "honteux, par hargne partisane, de fragiliser notre acquis le plus précieux: la réconciliation, l'amitié franco-allemande". Plus tôt, le ministre des Affaires européennes, Jean Leonetti, avait dénoncé "une germanophobie hystérique".