Un sondage a semé le trouble à droite comme à gauche. Cette enquête, dévoilée samedi, installe la candidate d'extrême-droite, Marine Le Pen, en tête du premier tour de la présidentielle de 2012. La présidente du Front national recueillerait 23% des voix, contre 21% pour le président sortant Nicolas Sarkozy à égalité avec le premier secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry, selon l'institut Louis Harris.
"Peu de crédibilité"
A droite, alors que Nicolas Sarkozy a atteint des records d'impopularité - avec plus de 70% d'opinions négatives dans plusieurs baromètres et parfois moins d'un quart d'opinions favorables - et que l'UMP a ouvert un débat sur l'islam - très discuté -, le secrétaire général de l'UMP a minimisé l'importance du sondage et appelé ses militants à garder leur calme. C'est un sondage parmi d'autres. Personne n'est dupe du rôle qu'on essaye de donner aux sondages dans notre démocratie", a assuré Jean-François Copé.
Quant au secrétaire d'Etat à la fonction publique, Georges Tron, interrogé sur Europe 1 dimanche matin, il a assuré apporter "pas beaucoup" de crédibilité à ce sondage. Pour lui, d'une part ce sondage ne prend pas en compte DSK, et d'autre part "en 14 mois beaucoup de choses peuvent se passer". Enfin, le président du Nouveau centre, Hervé Morin, a estimé, pour sa part, que cette enquête était "l'expression d'une réelle déception".
La faute à Nicolas Sarkozy
La gauche a, de son côté, incriminé le chef de l'Etat. "Ce qui est clair, c’est que Nicolas Sarkozy joue à un espèce de quitte ou double depuis des semaines", a déclaré sur Europe 1, samedi, la première secrétaire du PS, Martine Aubry. Et ce, alors que le parti est enlisé dans la primaire pour désigner son candidat en vue de 2012 et est toujours traumatisé. Même son de cloche pour Benoît Hamon, le porte-parole du parti socialiste. Il a accusé Nicolas Sarkozy d'avoir "propagé l'incendie".
"Je pense qu'il faut prendre ce sondage comme un coup de semonce, un avertissement et donc qu'il ne faut pas le prendre à la légère. Je pense que c'est le symptôme d'un malaise profond", a, quant à lui estimé le président du groupe PS à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault.
Un sondage "invraisemblable"
Quant à l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, il a lancé un appel au rassemblement de "toute la gauche" dimanche. Il a assuré que "ce sondage interpelle toute la gauche. Alors que nous avons tous, non pas ce sondage en tête, mais le souvenir du 21 avril 2002, est-ce que nous pouvons continuer à nous présenter aux élections avec sept, huit et parfois davantage de candidats de gauche? Est-ce que nous pouvons rester comme ça, séparés, dispersés, dans un premier tour ?". Un avis qui n'est pas partagé par Jean-Luc Mélenchon. Le co-président du Parti de gauche a qualifié samedi ce sondage d'"invraisemblable" et d'"aussi stupide que si le père Noël était en tête".
Devant ce flot de réactions, l'institut de sondage Harris Interactive a décidé de refaire cette enquête d'opinion, en incluant Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry.
Politologues et spécialistes des sondages se montrent, quant à eux, prudents. Ils remarquent notamment que l'enquête retient deux hypothèses incertaines, voire discutables : la candidature au PS de Martine Aubry, qui semble avoir un potentiel de voix inférieur à celui de Dominique Strauss-Kahn, et la présence à droite de Dominique de Villepin, qui obtiendrait 7%. De plus, notent-ils, l'enquête montre que Marine Le Pen a élargi l'espace politique occupé par son père, qui avait culminé à près de 17% des voix en 2002.