La primaire socialiste serait-elle devenue le nouveau cheval de bataille de l'UMP ? A en croire les déclarations des responsables UMP ce week-end, le mode de désignation du candidat socialiste pour la présidentielle de 2012 pose de sérieux problèmes. Le PS se défend.
L'UMP met en garde
Dès vendredi, le député Edouard Courtial, en charge des Fédérations à l'UMP, avait saisi par courrier la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) pour lui demander d'interdire la primaires PS, se disant "scandalisé par ce qui pourrait déboucher sur un véritable flicage des fonctionnaires territoriaux". Mais la charge la plus virulente revient sans conteste à Jean-François Copé. Le secrétaire général de l'UMP a dit voir dans la primaire "un gigantesque fichage politique", dans un entretien au JDD. "Dans les villes socialistes, vous imaginez les conséquences pour les agents municipaux ou les présidents d'association qui ont des subventions s'ils ne participent pas à cette parodie d'élection ?", s'est-il inquiété avant d'ajouter.
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a pour sa part demandé au PS dimanche de donner "des garanties" sur la destruction des listes électorales émargées après l'organisation des primaires, qui sont une consultation "absolument légale". Pour éviter "tout malentendu, toute suspicion" et ne pas créer "une sorte de liste des opinions politiques de Français", il a invité dimanche le PS à dire "très clairement comment il va détruire ces listes, très vite, tout de suite" car "je pense que un mois, c'est trop". "Je propose que le Parti socialiste dise quand il va détruire et sous quelles conditions de contrôle".
Même son de cloche du côté de la ministre de l'Ecologie. "Je ne suis pas contre les primaires par principe. Au contraire, je trouve que c'est tout à fait intéressant" mais "le problème, ce sont les fichiers", a déclaré Nathalie Kosciusko-Morizet. Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur a elle aussi réclamé des "garanties sur la préservation de l'anonymat des personnes qui vont voter", redoutant de "gros problèmes" en "terme d'atteinte à la liberté d'opinion et de secret du vote".
Ségolène Royal ironise
Le PS s'est employé de son côté à balayer ces critiques. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a ainsi estimé que l'UMP était "dans la paranoïa sans aucun fondement et dans la peur panique de voir la gauche réussir ce vote populaire". En déplacement dimanche à Asnières, dans les Hauts-de-Seine, le candidat à la primaire François Hollande a lui accusé "la droite" de "tenter d'empêcher une bonne procédure"."Qu'ils laissent les Français décider eux-mêmes ! La droite ne veut pas qu'il y ait de primaire. Aujourd'hui à l'UMP, le seul candidat, c'est Nicolas Sarkozy", a-t-il raillé.
Autre candidat à la primaire, Arnaud Montebourg, a assuré que le fichier ne serait "pas à la disposition des maires"."Tous les émargements seront sous la responsabilité des présidents des bureaux de vote, désignés par le comité national de l'organisation des primaires, et seront, ce sont les recommandations de la Cnil, détruits immédiatement", a-t-il expliqué. "Il n y a pas de risque parce que nous avons des élus qui sont respectueux des lois de la République et s'ils ne l'étaient pas, ils seraient sanctionnables", a-t-il dit.
Elle aussi candidate, Ségolène Royal a vu dans ces attaques de l'UMP un "prétexte". "Je comprends l'inquiétude de l'UMP sur le risque de réussite de la primaire. Je comprends que la droite essaie de mettre des bâtons dans les roues à ce souffle démocratique que nous voulons soulever", a-t-elle ironisé dimanche soir.