Les inégalités divisent le PS. Le projet du Parti socialiste pour "l'égalité réelle" ravive les tensions internes. Ce texte, porté par le porte-parole du PS, Benoît Hamon, établit des propositions "ambitieuses" en matière de lutte contre les inégalités dans des domaines variés, tels que l’éducation, la santé, le logement ou encore les discriminations. Long d’une quarantaine de pages et baptisé "égalité réelle", il doit être voté mardi par le Conseil national du PS en vue de la présidentielle.
Des idées du projet présidentiel de 2007
Dans le détail, le document livre un éventail de propositions non chiffrées notamment sur l'éducation. Il prône par exemple pour la scolarité obligatoire dès trois ans - contre six aujourd'hui -, mais également des vacances d'été raccourcies ou encore la semaine de cinq jours éducatifs. Le texte propose aussi une "aide au départ en vacances de 200 euros minimum pour les mineurs qui ne partent jamais en vacances".
De nombreuses mesures figuraient déjà dans le projet présidentiel du PS en 2007, comme "l'allocation autonomie pour les jeunes" mais d'autres sont de nature à faire des remous, comme l'idée d'un "récépissé de contrôle d'identité" délivré par les policiers aux jeunes, expérimenté à New York.
"Un catalogue" de propositions
Des propositions qui ne satisfont pas certains ténors du parti. Plusieurs responsables lui reprochent d’être trop "dirigiste" en matière d’économie mais aussi d’avoir un côté fourre-tout. Certains vont même jusqu’à le qualifier de "catalogue", et "qu’il manque du chiffrage", à l’image de François Rebsamen. Quant à Pierre Moscovici, il a assuré sur Europe 1 que le texte était "perfectible".
Mais pour sa défense, Benoît Hamon fait valoir qu'"il y a ce qui peut se chiffrer aisément et ce qu'il est impossible de mesurer. On ne déclenchera pas tout au même moment. On identifie les inégalités, ensuite on hiérarchise les priorités".
"Il faut hiérarchiser les priorités du PS"
Les proches de Dominique Strauss-Kahn ironisent sur des propositions "totalement irréalistes" et l'entourage de l'ancien premier secrétaire du PS, François Hollande, a raillé par presse interposée la "hotte du père Noël" de Benoît Hamon. François Hollande, dont la cote de "présidentiable" a grimpé au fil de l'automne, souhaitait repousser le débat pour "rendre le dispositif crédible" aux yeux des Français. Devant le refus de Martine Aubry, les "Hollandais" réservent leur vote de mardi.
De son côté, Manuel Valls, député maire d'Evry, l’a assuré : il ne votera pas ce texte "en l'état". "Pour être audible, il est plus sage de procéder à une évaluation financière pour chaque mesure". Candidat aux primaires, il "appelle tous les socialistes" à "peser" pour modifier le document. Il parle de "crédibilité aux yeux des Français" et estime qu’il est nécessaire de "hiérarchiser les priorités" du PS, "ce que le texte ne fait pas", ajoute-t-il.
Une commission des résolutions lundi soir devrait rapprocher les points de vue. Mardi, le Conseil national du PS doit voter pour ou contre, avant le vote des militants le 2 décembre et la Convention nationale le 11 décembre.