Le Pen face à de futurs journalistes

"On a perdu ce combat de boxe", a reconnu un étudiant du Centre de formation des journalistes.
Pluralisme contre banalisation du racisme. Mercredi, malgré la polémique lancée par L'Humanité , les étudiants du Centre de formation des Journalistes de Paris ont bien rencontré Jean-Marie Le Pen. "Un exercice démocratique", s'est félicité le leader du Front National. Un exercice difficile, ont reconnu les étudiants futurs journalistes.
Jean-Marie Le Pen très à l'aise
En guise d'introduction à cette rencontre marquée par une certaine fébrilité, Christophe Deloire, le directeur du CFJ, a rappelé que le métier de journaliste "ne consiste pas à distinguer le bien du mal. Les gens sont assez grands pour ça", rapporte sur Twitter un des étudiants de l'école, Guillaume Daudin. Jean-Marie Le Pen, lui, a estimé devants les étudiants "ne pas avoir le sentiment d'avoir abusé de l'hospitalité" puisqu'il a été "invité pour la deuxième fois en 25 ans".
Extrême droite, immigration, banlieues, succession à la tête du parti, guerre d'Algérie, les étudiants ont abordé de nombreux thèmes. Pendant 1h30, questions et réponses ont fusé entre des étudiants pas encore rodés à l'exercice et un Jean-Marie Le Pen, très à l'aise et ravi de pouvoir prendre le dessus.
"C'est pas facile de garder un professionnalisme face à une personnalité comme ça", a reconnu un premier étudiant, au micro d'Europe 1. "Celui qui s'énerve, c'est celui qui perd. Donc, comme je pense qu'on s'est plus énervés que lui, on a perdu ce combat de boxe", a analysé un autre élève. A la fin de la rencontre, "son garde du corps est le seul à applaudir", a rapporté sur Twitter Christophe Payet, un autre étudiant.
"On a perdu ce combat de boxe", a reconnu un étudiant :
Sur le trottoir, l'appel à la manifestation de deux syndicats de journalistes et de SOS Racisme n'a pas été très suivi. Quelques personnes ont manifesté devant l'entrée de l'école en fin de matinée, sans même réussir à accrocher leur banderole.
Une rencontre très critiquée
Le SNJ et le SNJ-CGT avaient vivement critiqué cette rencontre. "On croit rêver : le conducator éructant serait rangé désormais dans la liste des invités fréquentables, qui plus est face à de futurs journalistes qu'il ne cesse d'insulter", écrivait lundi le SNJ-CGT dans un communiqué. "Il est intolérable qu'une institution d'enseignement supérieur comme le CFJ confère au leader frontiste le statut d'invité fréquentable", abondait SOS Racisme, tout en appelant à se joindre à la manifestation devant les locaux de l'école.
Pour L'Humanité, qui avait jeté le pavé dans la mare lundi, cette invitation contribue à banaliser les thèses du Front National. Le CFJ "confirme qu'elle forme une armée de journalistes utiles à la bonne marche de la propagande libérale", écrivait le quotidien de gauche.