Dans le jargon politique, on appelle ça un "séminaire stratégique". Manière courtoise d’inviter Eva Joly à recadrer sa campagne, jugée inaudible par certains dirigeants d’Europe Ecologie-Les Verts. Depuis sa désignation comme candidate, Eva Joly ne cesse de dégringoler dans les sondages. L’ancienne juge d’instruction est aujourd’hui créditée de 3 à 4% des voix, bien loin des scores à deux chiffres réalisés par Europe Ecologie lors des européennes de 2009.
"Elle ne comprend rien aux codes de la politique"
Un malaise perceptible dans l’équipe de campagne de la candidate. "Si la baisse continue, on est mal", confie à Europe 1 un cadre du mouvement. Selon Libération, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot a même envoyé des SMS à certains cadres du parti pour "sonner le tocsin".
Dans le parti, les critiques fusent. Le côté atypique de l'ancienne magistrate, commence à sérieusement agacer. Ses prises de positions à l’égard de François Hollande sont jugés illisibles pour les électeurs. "Eva Joly ne comprend toujours rien aux codes de la politique", s’inquiète un cadre. "Un jour, elle dit que François Hollande est une marionnette, le lendemain, que c’est notre champion", s’interroge ce même dirigeant.
D’autres demandent à la candidate écologiste de resserrer sa campagne autour de trois ou quatre grands thèmes, dont l’écologie et le social, sans tomber cependant dans l’opposition systématique.
Un budget revu la baisse
Mais les cadres d’Europe Ecologie-Les Verts veulent-ils vraiment la victoire de leur candidate ? Dans le parti, certains semblent avoir changé leurs priorités. Les législatives passeraient avant la présidentielle. Mieux vaut des postes de députés qu’une candidate à plus de 5%. Preuve de ce malaise ambiant, le budget de campagne d’Eva Joly a été revu à la baisse : 2,5 millions d’euros. Soit moitié moins que ce qui avait été envisagé au départ.