Promis, ils vont tout révolutionner. Avec eux, l'UMP va redevenir un parti d'opposition audible et en capacité de s'imposer en 2017. Deux ans après le psychodrame entre Jean-François Copé et François Fillon - sans l'affaire Bygmalion qui a encore plus ankylosé le parti -, trois candidats sont en lice pour la présidence de l'UMP : Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et Hervé Mariton. Revue de détails de leurs propositions pour donner un nouveau souffle au principal parti de droite.
>> A LIRE AUSSI - Vote électronique : l'inquiétude de militants UMP
• Le changement de nom, la marotte de Sarkozy
Deux jours seulement après avoir officiellement annoncé, sur sa page Facebook, son intention de revenir en politique et d'être "candidat à la présidence de [sa] formation politique", Nicolas Sarkozy annonçait son intention de "changer le nom du parti". D'ailleurs, lors de ses meetings, l'ancien chef de l'Etat ne prononce jamais le mot UMP, lui préférant l'expression de "grand rassemblement". Et dans ce nouveau mouvement - Nicolas Sarkozy se donne trois mois pour le mettre en place - il "n’y aura plus de courants, de tendances, de chapelles".
>> A LIRE AUSSI - Villepin, la prise de guerre de Sarkozy
Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, paru fin octobre, seulement 16% des sympathisants UMP approuvent cette proposition de Nicolas Sarkozy. Une défiance que l'on retrouve chez Bruno Le Maire, qui ne veut pas entendre parler d'un changement de nom : "On va peut-être dépenser un million d'euros ou 500.000 euros pour faire travailler une agence de communication sur le nouveau nom de l'UMP. Je refuse que l'on mette un seul euro dans une étude sur un nom qui pourrait remplacer le nom de l'UMP. Il a été abimé par les chefs, pas par les militants", a-t-il asséné le 12 novembre sur France Info. Hervé Mariton ne veut pas non plus en entendre parler.
• L'organisation des élections locales, l'accord parfait
C'est donc possible : les candidats sont tous d'accord ! Alors que la confiance dans les politiques n'a jamais été si faible, les trois potentiels futurs patrons de l'UMP entendent redonner la main aux militants pour les investitures, traditionnellement orchestrées depuis Paris. Hervé Mariton souhaite même que ce soit le cas pour l'élection à la présidentielle. Une vraie nouveauté pour la droite républicaine, dont le culte du chef est bien ancré. Désormais, c'est aux militants de donner un coup de main au chef.
>> A LIRE AUSSI - Démocratie participative : Royal inspire-t-elle la droite ?
• Les finances, mode d'ordre "transparence"
La campagne a été placée sous le signe des économies. Les défaites électorales ont plombé les comptes de l'UMP, étranglée par ses créanciers. Le prochain président devra donc avoir à l'œil les finances du parti, nerf de la guerre en politique. Pour éviter une resucée de l'affaire Bygmalion, Hervé Mariton se propose de "faire la transparence complète sur les comptes de l’UMP et confier la trésorerie du parti à une équipe de quatre personnes - dont deux tirées au sort -, afin de garantir la collégialité". Le député de la Drôme envisage également de "faire voter systématiquement le Conseil national de l’UMP sur le budget et le rapport financier de l’UMP."
Du côté de chez Bruno Le Maire, on est, à quelques virgules près, exactement sur la même ligne. Le député de l'Eure souhaite soumettre toutes les dépenses supérieures à 20.000€ à une commission d’appel d’offre. Et, chaque année, "son" UMP devrait réaliser un audit détaillé de ses comptes.
>> LIRE AUSSI - Sarkozy, Le Maire, Mariton : quels scores feront-ils ?
En revanche, c'est beaucoup plus flou pour Nicolas Sarkozy. L'ancien président de l'UMP, de 2004 à 2007, ne s'est, pour l'heure, pas aventuré sur ce terrain, quelque peu glissant pour lui. Tout juste a-t-il déclaré au début de sa campagne qu'il ferait tout pour "faire revenir les adhérents et donateurs pour redresser les comptes".
• L'organisation de la présidentielle de 2017, une primaire en questions
Là, les avis divergent. Hervé Mariton, par exemple, estime que le président de l'UMP ne devrait pas concourir à la primaire de 2016 qui désignera le candidat de la droite. Nicolas Sarkozy, évidemment, pense bien différemment. Bruno Le Maire, lui, n'a jamais voulu dire clairement s'il était possible de le voir sur la ligne de départ aux cotés d'Alain Juppé, François Fillon ou Xavier Bertrand.
>> LIRE AUSSI - Présidence de l'UMP : Sarkozy dans la dernière ligne droite
Tous sont en revanche d'accord quant à l'organisation d'une primaire, comme prévue par les statuts de l'UMP. Même Nicolas Sarkozy, qui y était hostile, s'est fait à l'idée. Et les trois candidats sont disposés à ouvrir la compétition au centre, ce que réclament avec insistance Alain Juppé et François Fillon. Sur ce point, le maire de Bordeaux a d'ailleurs été sifflé, samedi dernier, lors d'un meeting de Nicolas Sarkozy. "Une clarification est nécessaire : qui pourra voter et selon quelles modalités? Le nouveau président de l'UMP devra dire ses intentions", a réagi l'ancien premier ministre sur son blog.
• Et le projet ?
Sans programme, point de salut. Les luttes d'égos au sein de la droite républicaine ont durablement marqué les esprits. Pour espérer s'installer à l'Elysée en 2017, le candidat de l'UMP devra donc avoir en main un projet solide pour convaincre les Français. Quoi de mieux, donc, d'associer les militants à la fabrication du programme ? C'est la logique de Bruno Le Maire, qui veut déterminer les points essentiels de la ligne politique du parti après consultation régulière des militants par Internet. Il se propose également d'ouvrir une plateforme en ligne du projet pour permettre aux adhérents de faire leurs propositions. Comme Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy et Hervé Mariton - bien qu'il veuille lui aussi interpeller les militants sur Internet - ont, eux, une approche différente. Les deux hommes souhaitent la mise en place d'un "shadow cabinet", sorte de contre-gouvernement où plusieurs personnalités seraient chargées de réfléchir à une thématique correspondant à un ministère.