Ils sont déjà expérimentés, mais ils n'ont pas encore tout testé. Plusieurs hommes politiques, déjà bien connus du grand public mais jusque là novices en la matière, se présentent aux élections législatives de 2012. Petit tour d'horizon de ceux qui se sont décidés à y aller.
Mélenchon, pour se venger de Le Pen ?
Jean-Luc Mélenchon avait quasiment tout essayé. L'ancien socialiste avait en effet déjà été conseiller municipal, adjoint au maire et vice-président de conseil général en Essonne, ou encore sénateur et député européen, mais restait vierge en matière de législatives.
Le coprésident du Parti de gauche se présente dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont, face à Marine Le Pen. "Je représente la République et l'idée qui est née ici dans ce bassin minier, du mouvement ouvrier qui a trouvé un nouveau prolongement dans le programme que je présente, 'l'humain d'abord'. Voilà qu'elle est ma légitimité et c'est celle de tout Français qui est partout chez lui sur le territoire de la République", se justifie-t-il.
Même si lui s'en défend, certains commentateurs voient dans cette candidature une volonté de revanche de la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon avait fait de passer devant Marine Le Pen une "priorité" pour le 21 avril dernier. Il était finalement arrivé quatrième, avec environ 11% des suffrages, derrière la candidate du FN et ses 17,9%.
L'ancien socialiste ne se lance pas non plus dans un combat perdu d'avance. Selon un sondage Ifop pour le JDD paru le 19 mai dernier, il sortirait vainqueur du second tour, avec 55% des voix, contre 45%.
Guaino / Guéant, de l'ombre à la lumière
Henri Guaino et Claude Guéant se confrontent eux pour la toute première fois aux électeurs. Le premier, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s'est trouvé une circonscription à la dernière minute. Le 11 mai, la "plume" de l'ancien président a été investie par l'UMP dans la 3e circonscription des Yvelines. Claude Guéant se présente lui à Boulogne-Billancourt, après avoir renoncé à se présenter dans cette même 3e circonscription des Yvelines, actuellement détenue par Christian Blanc.
Les deux hommes ont la particularité d'avoir construit leur carrière dans l'ombre des grands élus, en tant que conseillers ou même secrétaire général de l'Elysée pour Claude Guéant. Ce dernier a auparavant écumé les cabinets de préfets avant de conseiller Nicolas Sarkozy dès 2002. Seguin, Pasqua, Sarkozy… Henri Guaino murmure lui à l'oreille des hommes politiques depuis le début des années 90.
Après la défaite de Nicolas Sarkozy, les deux hommes mouillent le maillot et partent à la conquête des urnes eux-mêmes. La tâche ne sera pas aisée. L'un comme l'autre, bien que candidats dans des circonscriptions acquises à la droite, font face à des dissidents UMP. Thierry Solère, maire-adjoint de Boulogne-Billancourt, se présente en effet contre Claude Guéant. Olivier Delaporte, maire de La Celle-Saint-Cloud depuis 14 ans, défie quant à lui Henri Guaino.
Benoît Hamon veut passer à Trappes
Le ministre délégué à l’Economie solidaire, Benoît Hamon, se présente à Trappes dans les Yvelines, dans une circonscription ancrée à droite. Il affrontera le sortant Jean-Michel Fourgous, qui a conquis son premier mandat de député en 1993.
Si la bataille semble compliquée, elle n'est pas non plus pliée pour l'ancien porte-parole du PS, qui rêve de récupérer un mandat depuis la perte de son poste de député européen en 2009. "Ce n'est pas facile, ce n'est pas une circonscription aux petits oignons, mais théoriquement elle passe", se montre-t-il confiant, interrogé par Le Point. À la présidentielle, François Hollande a en effet dépassé les 57 % au second tour, à Trappes.
Benoît Hamon a auparavant été conseiller municipal de Brétigny-sur-Orge (Essonne), de 2001 à 2008, et député européen de juin 2004, à juin 2009, représentant de la circonscription Est.
Axel Kahn défie Fillon
Le généticien et philosophe Axel Kahn est novice en élection politique, toutes catégories confondues. Il va affronter François Fillon, dans la 2e circonscription de Paris, avec les couleurs du Parti socialiste. "Je me prépare à mener cette campagne législative avec une grande gourmandise", se réjouit déjà l'ancien président de l'université de Paris V.
La tâche est ardue, car cette circonscription est une place forte de la droite. François Hollande y avait recueilli 45% des voix le 6 mai, et Nicolas Sarkozy 55. "François Fillon est un homme de qualité. Je le connais très bien et sans en faire un combat de chiffonniers, je le combattrai sans hésitation car il a choisi de faire la politique de Sarkozy, avec lequel j'ai croisé le fer sur les questions d'éthique", assure Axel Kahn.
Le généticien, qui se décrit comme "humaniste", a un parcours politique d'électron libre. Membre du Parti communiste français jusqu'en 1977, il adhère au Parti socialiste après l'élection de François Mitterrand en 1981, pour le quitter deux ans après. Il s'illustre tout au long de sa carrière par différents combats et missions ministérielles, notamment sur la bioéthique.
Axel Kahn soutient publiquement à plusieurs reprises des candidats de gauche, lors d'élections législatives ou locales, à l'instar de Bertrand Delanoë aux municipales de Paris de 2008. Mais il prendra également, contrairement aux socialistes, vivement position en faveur de la réforme des Universités made in Sarkozy. En juillet 2011, il remet clairement du rose dans son discours, et intègre l'équipe de campagne de Martine Aubry pour l'élection présidentielle de 2012, chargé d'une thématique de réflexion sur la "refondation du progrès".