Libération "se réserve le droit" de publier sur son site internet les estimations de résultats du premier tour de la présidentielle dès 18H30, "si l'écart est net et les sources fiables", a déclaré mercredi Nicolas Demorand, directeur de la rédaction du quotidien.
La loi interdit aux médias de faire mention avant 20H00, quand les derniers bureaux ferment, de tout sondage sortie des urnes ou des estimations compilées après la fermeture des premiers bureaux à 18H00, ce qui représente "un vrai problème démocratique" dans la mesure où "le monde des médias, de la politique et leurs amis sont informés avant", a dénoncé M. Demorand.
Ce problème "est rendu encore plus criant par les nouveaux outils technologiques comme Twitter et Facebook", a-t-il souligné, interrogé par téléphone. Nicolas Demorand a assuré que la décision de son journal ne dépendrait pas de l'attitude des autres médias, dont beaucoup s'interrogent encore sur le politique à tenir vis-à-vis de cette loi accusée d'être obsolète.
"S'il faut que Libé aie le rôle de brise-glace, on le fera. Tous les scénarios restent possibles (...) Ce qui fera qu'on publie ou pas (ces estimations) dépendra uniquement de la qualité de ce qu'on aura", a-t-il dit.
La Une du quotidien de mercredi a clairement annoncé la couleur, en reproduisant, sous le titre "Dimanche, 18H30?", un faux tweet que le journal publierait avec les pourcentages des estimations de résultats des principaux candidats.
La loi punit de 75.000 euros d'amende tout citoyen qui divulgue des estimations de résultats avant 20H00. Cette somme est multipliée par cinq lorsqu'il s'agit de personnes morales, comme le sont les journaux ou sites internet.