Au lendemain de l’assassinat, à Ajaccio, de l’avocat Antoine Sollacaro, Manuel Valls a décidé de marquer les esprits. Le ministre de l’Intérieur a choisi d’employer des termes très forts pour évoquer la situation en Corse.
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"Il faut s'attaquer, sans renoncer, sans faire aveu d'impuissance, à cette mafia, à ce qui gangrène la société corse qui ne va pas bien", a-t-il ainsi lancé mercredi sur France Inter.
"(Très) grand banditisme". Et le ministre ne vise pas là uniquement les nationalistes, toujours très puissants en Corse. "Il faut encore plus agir sur le terrain, coordonner le travail entre la police et la justice, pénétrer et déstabiliser les réseaux affairistes parce que, aux traditionnelles revendications nationalistes, se mêlent en Corse la poursuite d'intérêts économiques qui sont peu avouables et des liens avec le très grand banditisme", a martelé le ministre de l'Intérieur.
Manuel Valls a été rejoint dans cette analyse par Christiane Taubira. Selon la garde des Sceaux, "la Corse, en taux d'homicides, a des affaires quatre fois supérieures, proportionnellement parlant, à la juridiction de Marseille. Cela prouve une prévalence du crime et la porosité entre le grand banditisme et des actes de terrorisme", a affirmé la ministre de la Justice sur RTL.
"Affairisme", "réseaux", "hommes qui tuent". Les deux ministres ont d’ailleurs annoncé qu’ils se rendraient ensemble en Corse, probablement début novembre. "A la fois pour mettre en oeuvre cette coordination plus efficace des services de justice et de police, pour s'attaquer à cet affairisme, à ces réseaux, à ces hommes qui tuent", a-t-il précisé.
Cette double visite s’explique aussi, selon Manuel Valls, car "nous faisons face à une situation d'une extrême gravité. Et les faits qui se sont encore déroulés, parce que ce n'est pas la première fois, l'attestent", a insisté le ministère de l’Intérieur. "D'une certaine manière, l'autorité de l'Etat se mesure en Corse dans sa capacité de démanteler le système affairiste et empêcher les gens de se tuer", a-t-il estimé.
"Espoir". Manuel Valls a tout de même tenu à policer ses propos en adressant "un message d'espoir à la Corse, qui a besoin d'apaisement pour assurer son développement dans un contexte économique qui est déjà difficile". Mais c’est probablement la partie la plus musclée de son discours qui aura marqué les esprits.