L'INFO. "Je voterai en faveur du mariage pour tous", a assuré mercredi sur Europe 1 le député UMP de la Marne, Benoist Apparu, confirmant une information du Parisien. "C'est la question de la reconnaissance de l'amour homosexuel qui dictera mon vote, c'est l'élément le plus important", a expliqué l'ex-secrétaire d'Etat au Logement de Nicolas Sarkozy. Quid de l'adoption, qui le faisait hésiter ? "Il y a déjà 40.000 enfants qui vivent dans des unions homoparentales. Nous ne pouvons pas laisser ces enfants dans l'insécurité qui est la leur aujourd'hui. Le nouveau texte va répondre à cette insécurité-là", a-t-il avancé. Benoist Apparu rejoint ainsi le député de Seine-et-Marne, Franck Riester, jusque là seul élu UMP à l'Assemblée à se prononcer en faveur du projet de loi socialiste.
>>> Et pour la suite : la prise de position de Benoist Apparu peut-elle faire tâche d'huile ? Au sein de l'UMP en tout cas, certains hésitent encore…
# CEUX QUI HÉSITENT
Plusieurs députés n'ont toujours pas tranché. "Certains sont même en phase de réflexion avancée", assurait le 17 janvier, dans une interview au Inrocks, Franck Riester, citant à l'époque Benoist Apparu, Bruno Le Maire, député de l'Eure, ou encore le député de Seine-Maritime Edouard Philippe. Ce dernier reconnaissait en décembre n'avoir "pas encore pris de décision sur son vote", tout en exprimant ses doutes sur l’adoption par des couples homosexuels, lors d’un débat à l’Assemblée.
Quant à Bruno Le Maire, il se disait encore fin décembre "en phase de consultation"."Je me prononcerai à la fin, après avoir entendu tous les arguments", a-t-il ainsi déclaré dans une vidéo au Journal du net. Il ne s'est, depuis, pas prononcé publiquement. Contacté mercredi par Europe1.fr à plusieurs reprises, il n’a pour le moment pas donné suite.
Sur le banc des "hésitants", on dénombre plusieurs autres élus UMP. Pierre Lellouche (Paris), Bernard Brochand (Alpes-Maritimes), Jean-Luc Reitzer (Haut-Rhin) ou encore Gilles Carrez (Val-de-Marne) ne se sont pas encore prononcés clairement sur leur vote, comme l'affirmait le 2 janvier dernier le Huffington Post. "Il y a 12 ans, j'ai voté contre le Pacs et, très rapidement, je me suis rendu compte que j'avais eu tort. J'étais passé à côté d'une évolution de la société. Aujourd'hui, sur ce sujet, je m'interroge, je rencontre différentes personnes pour me faire un jugement. Il ne faut pas que nous, responsables publics, soyons trop en retard par rapport aux évolutions de la société", avait déjà déclaré Gilles Carrez, en octobre sur Europe1, laissant planer le doute sur ses intentions.
# CEUX QUI SE SONT INTERROGÉS MAIS...
Certains députés sont favorables au mariage gay, et ont hésité un temps à voter pour le projet du gouvernement. Mais ce dernier, pris globalement, ne leur convient pas et ils s’y déclarent désormais "hostiles". L'argument principal qui revient en boucle : le refus de l'adoption, qui menacerait la famille dans son modèle traditionnel et l'équilibre de l'enfant. Ainsi en est-il pour Luc Chatel (Haute-Marne), Dominique Bussereau (Charente-Maritime), Alain Chrétien (Haute-Saône) ou encore le député de l'lle-et-Vilaine, Gilles Lurton (les liens renvoient vers des prises de position récentes). Contacté par Europe1.fr, l’entourage de Luc Chatel par exemple, nous renvoie vers une déclaration de l’ex-ministre de l’Education sur i-Télé, le 15 janvier. "Je suis opposé au texte du gouvernement", avait en effet lâché Luc Chatel, disant préférer une "alliance civile" pour les homosexuels.
Jean-François Mancel (Oise) et Axel Poniatowski (Val-d'Oise), quant à eux, avaient voté pour une proposition de loi socialiste visant à instaurer le mariage gay, en 2011. Mais celle-ci avait été retoquée, la majorité de droite de l’époque y étant hostile. Jean-François Mancel et Axel Poniatowski n’apporteront pas leur soutien aux socialistes en 2013, notamment en refus de l’adoption pour les couples homos. "Je suis opposé au projet de loi tel qu’il est préparé : il aligne le mariage homosexuel sur le mariage entre un homme et une femme et il ouvre immédiatement le droit à l’adoption. On bouleverse l’organisation, les valeurs, les fondements mêmes de la famille", avait ainsi expliqué Jean-François Mancel en novembre, contacté par Le Parisien. "Il aurait fallu ne pas faire d'amalgame entre mariage et filiation. Les socialistes auraient dû séparer l'adoption de l'union", regrette également Axel Poniatowski, contacté par Europe1.fr. Et de conclure : "je ne pense pas que la décision de Benoist Apparu influence d'autres députés. Sur ce genre de sujet de société, chacun a sa propre conviction."