Le couac en était-il vraiment un ? Lundi soir, dans un entretien à La Croix, Christiane Taubira dévoilait les pistes du futur projet de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Or, la ministre de la Justice ne devait communiquer sur ce texte que dans 15 jours.
Deux heures plus tard, face aux premières critiques des associations, sa collègue associée au projet de loi, la ministre de la Famille Dominique Bertinotti tentait un rétropédalage, assurant que le texte n'était encore qu'au stade du "pré-projet". "Nous sommes au début des auditions. On ne peut préjuger de leur contenu. Au terme de ces échanges, un projet sera soumis à l'arbitrage du président de la République et du Premier ministre", a bien insisté son entourage. Une divergence de vue qui laissait penser à un énième couac dans le gouvernement Ayrault.
"Contrebalancer les annonces moroses"
Mais Christiane Taubira a-t-elle vraiment parlé trop vite ? Au contraire. Selon les informations recueillies par Europe 1, c'est en réalité Matignon qui a demandé à la Garde des Sceaux de lancer une offensive médiatique sur le sujet. L'objectif ? Contrebalancer les annonces moroses du moment, de la hausse du chômage aux 30 milliards d'économies à trouver. Interrogé par Europe 1, un proche du Premier ministre le reconnaît : "c'est quand-même mieux de pouvoir parler d'autre chose que de la crise ou du redressement".
"Consensuel et pas cher"
"C'est un projet lumineux d'avenir", insiste encore Matignon. Un projet d'avenir qui tombe surtout à pic, cette semaine. Car il présente des avantages. Détourner l'attention des Français sur une question de société, qui ne coûtera pas un centime d'euro au gouvernement. Réaffirmer que l'exécutif tient les engagements de campagne du candidat Hollande (promesse numéro 33). Enfin, le sujet est assez consensuel. 65% des Français sont favorables au mariage homosexuel, selon une enquête de l'Ifop réalisée en août.
Mardi matin, face aux critiques sur l'impréparation du gouvernement, Matignon, contacté par Europe1.fr, insistait davantage sur "la concertation qui durera au maximum jusqu'à la fin de l'année". Le calendrier, lui, ne changera pas. Le projet de loi sera soumis au Parlement, début 2013.