Les nouvelles mesures de sécurité routière divisent, même dans les rangs de l’UMP. Soixante-treize députés de la majorité présidentielle ont écrit lundi à François Fillon pour s’opposer frontalement aux conclusions prises le 11 mai en Comité interministériel sur la sécurité routière. Des mesures qui prévoient notamment la suppression des panneaux annonçant la présence d’un radar automatique.
Les 73 élus font part de "la profonde exaspération" exprimée par des "milliers" d'électeurs contre les nouvelles mesures de sécurité routière. Dans leur lettre, les députés UMP "regrettent l’absence totale de concertation qui a précédé ce comité interministériel". Ils appellent par ailleurs à ne pas céder aux appels des "ayatollahs" qui souhaiteraient "un monde sans voiture". "D’autres mesures sont plus urgentes à prendre afin d’améliorer la sécurité routière, mesures qui ne seraient d’ailleurs pas davantage populaires", ajoutent-ils.
Une sévérité "injuste"
"Ne perdons pas de vue qu’en vingt ans, le nombre de tués a été divisé par deux alors que la circulation dans notre pays augmentait de près de 80%", écrivent enfin les élus, afin de relativiser la hausse du nombre de tués sur les routes ces derniers mois. Une hausse à l’origine des mesures prises à toute vitesse par le gouvernement.
Et cette fronde est portée par près d’un tiers du groupe UMP à l’Assemblée nationale (qui compte 313 députés au total), avec la présidentielle de 2012 brandie comme une épée de Damoclès. "Nous sommes en démocratie, si des gens sont exaspérés pour des raisons légitimes, on peut quand même se poser la question de savoir s’ils ont raison ou s’ils ont tort", déclare le député des Yvelines Jacques Myard à Europe 1. L'élu se présente comme le relais de la grogne de ses "concitoyens" : ces derniers "perçoivent cette sévérité accrue sur les radars comme quelque chose d’automatique, de général, et d'injuste et on ne peut que leur donner raison", affirme-t-il au micro d'Europe 1.
Une fronde qui vient du cœur de l'UMP
La contestation des mesures gouvernementales vient du cœur même de l’UMP : parmi les signataires, des membres du collectif de La Droite populaire, comme Philippe Meunier, Jacques Myard et Christian Vanneste, mais aussi des élus sarkozystes comme Alain Gest, Arnaud Robinet ou l'ancien ministre Alain Marleix. En attendant, Nicolas Sarkozy a annulé la réunion avec les députés de la Droite populaire, sur les radars, prévue mardi, selon le compte Twitter du journaliste au Monde Arnaud Leparmentier.
Ces députés espèrent trouver un compromis avec le gouvernement. "Nous allons tout mettre en œuvre pour instaurer ce dialogue et trouver un compromis pour sortir par le haut de cette affaire-là", a déclaré mardi sur Europe 1 leur porte-parole, Philippe Meunier, député UMP du Rhône.
Pour le moment, le gouvernement reste campé sur ses positions, persuadé que la grogne ne concerne qu'une minorité d'automobilistes : seuls 0,3% des conducteurs ont moins de trois points sur leur permis. Joint par le service politique d'Europe 1 lundi, un conseiller de Nicolas Sarkozy a répété que le chef de l'Etat ne céderait pas.