Toute la journée de dimanche, elle a attendu un coup de fil. Mais rien n’est venu. Cette fois-ci, Rama Yade n’a pas réussi à sauver sa tête. Et veut garder la tête haute, coûte que coûte. Dans un communiqué, la secrétaire d'Etat aux Sports affirme "ne regretter absolument rien" et compte "retrouver sa pleine et entière liberté de parole" après trois années passées au gouvernement. En off, ses proches tenaient un autre discours, dimanche soir. "Ça va comme quelqu’un qui vide ses tiroirs. Ça va comme quelqu’un qui n’a plus de travail", confiait un collaborateur.
Un avenir incertain
Selon une source gouvernementale, Nicolas Sarkozy se serait entretenu au téléphone avec son ancienne protégée. Le président lui aurait proposé le poste de porte-parole de l'UMP en remplacement de Frédéric Lefebvre. Une proposition qu’elle aurait déclinée. Dans son communiqué, la secrétaire d’Etat laisse planer le doute sur son avenir personnel. "Forte du soutien que les Français m'ont toujours apporté, je retrouve ma pleine et entière liberté de parole et d'action au service de mes nouveaux engagements", indique t-elle, en référence à ses propositions sur la jeunesse.
Des frasques inoubliables
Longtemps, la benjamine du gouvernement s’est crue intouchable. Elle se savait protégée par une incroyable popularité. Et a multiplié les déclarations fracassantes depuis mai 2007.
Dernière en date : le 29 octobre, alors que le remaniement n’est pas encore décidé, la benjamine du gouvernement prend clairement ses distances avec le discours prononcé en 2007, à Dakar, par le président de la République sur l’homme africain."Je ne suis pas son professeur. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, que je saute sur la tribune et que je gifle le président de la République ?" s'interroge Rama Yade, avant de vouloir éteindre le feu.
Ecoutez l'extrait diffusé sur RFI :
Une dernière frasque qui fait suite à des prises de position ultra-médiatisées. La première "sortie" de la jeune secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme remonte à décembre 2007. Rama Yade doit essuyer la colère de Nicolas Sarkozy après sa déclaration sur Mouammar Kadhafi, en visite en France. Il doit "comprendre que notre pays n'est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits" déclare t-elle dans une interview au Parisien.
Deuxième "sortie" remarquée : le 14 octobre 2009, Rama Yade s’interroge sur la candidature de Jean Sarkozy à l’Epad. Malgré son rétropédalage, le chef de l’Etat digère mal l’affaire.
Le secrétariat des Sports n’a pas calmé "la rebelle" du gouvernement. Outre des prises de bec régulières avec sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot, Rama Yade fait encore parler d’elle en critiquant les Bleus lors de leur dernière Coupe du Monde. La secrétaire d’Etat dénonce le coût de leur hôtel en Afrique du Sud… Avant de se voir renvoyer l’ascenseur.