L'INFO. Pour Jean-Marie Le Pen, il est "logique" qu'il soit la "tête de liste" du FN en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour Marine Le Pen, ça l'est beaucoup moins. Entre le père et la fille il y a, depuis plusieurs mois, de la friture sur la ligne. L'éventualité d'un changement de nom du parti a été un point de friction. Les investitures pour les élections régionales pourraient bien en être un autre.
Deux voire trois régions peuvent basculer. Après des élections municipales et européennes triomphantes en 2014, le FN espère faire aussi bien en 2015. Cela passera d'abord par les élections départementales de mars, puis par les régionales de décembre. Et, selon les premières projections, "on parle d'une, deux voire trois régions" qui pourraient tomber dans l’escarcelle du parti d’extrême droite, a reconnu le secrétaire d’Etat à la réforme territoriale, André Vallini, mardi sur Europe 1. Dans le viseur des troupes frontistes, trois cibles : Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Provence-Côte d’Azur.
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"Je suis la meilleure locomotive pour ces élections régionales". Pour cette dernière région - où les résultats aux municipales ont montré l'influence grandissante du FN -, Jean-Marie Le Pen envisage un dernier baroud d'honneur. "Je crois que je suis la meilleure locomotive pour ces élections régionales", a estimé le fondateur du FN, mardi sur le site marseillais Marsactu. "La question n'a pas encore été posée mais il me paraît logique que je sois la tête de liste", a poursuivi celui qui est président d'honneur du FN.
Marine Le Pen, elle, penche pour Marion… Cette question a en revanche été posée à Marine Le Pen, la présidente du mouvement, au début du mois de novembre sur France 3. «Les élections régionales, ce n'est pas tout à fait l'actualité brûlante", a-t-elle d'abord éludé. Et si elle rappelle que ce sera à la commission d'investiture de trancher, elle glisse tout de même, ironiquement, qu'elle "ne savai[t] pas que Jean-Marie Le Pen était candidat. J'avais pensé que Marion [Maréchal-LePen, Ndlr] pouvait être assez légitimement candidate dans la région".
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… qui est prête à laisser son grand-père se présenter. La nièce de la présidente du FN est en effet députée du Vaucluse depuis deux ans, ce qui pourrait lui conférer une certaine légitimité. Mais son grand-père est "implanté là-bas depuis très longtemps" lui aussi, rappelle Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN et proche du "Vieux" depuis les années 70. Invitée mardi de BFM, Marion Maréchal-Le Pen, tout en faisant part de sa volonté de se présenter, s'est dite mardi prête à laisser la tête de liste à son grand-père. "Ce que j'ai dit à Jean-Marie Le Pen, c'est que s'il souhaitait être candidat, je ne maintiendrais pas ma candidature", a affirmé la plus jeune députée de France
Le dernier mot pour Marine Le Pen. Reste que le fin mot de l'histoire appartiendra à la commission d'investiture, composée de 16 membres. "Les investitures auront lieu juste après les élections départementales, soit début avril. Il se peut en revanche que les têtes de liste soient connues avant", explique à Europe1.fr l'un de ses membres, Nicolas Bays, également eurodéputé depuis mai dernier. En cas d'égalité, c'est Marine Le Pen, en tant que présidente du parti, qui tranchera.
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Il est urgent d'attendre. Serait-elle prête à refuser l'investiture à son père, quitte à créer un nouveau psychodrame interne ? "Je ne révèle rien de nos discussions internes. Il faut que l'on discute ensemble", élude Bruno Gollnisch, un proche de Jean-Marie Le Pen, joint par Europe1.fr mercredi. "Pour connaitre Marion, elle en a les capacités. Mais si Jean-Marie Le Pen le souhaite, je ne vois pas la commission d'investiture le lui refuser…", poursuit Marie-Christine Arnautu (photo), avant d'annoncer à Europe1.fr qu'elle ne sera "sur aucune liste aux départementales ni aux régionales. Je suis déjà conseillère municipal de Nice et eurodéputée, cela suffit".
On résume : le père souhaite y aller, mais la fille préfère sa nièce qui, elle, est prête à laisser la place à son grand-père. Un sac de nœuds en perspective, même si au FN on rappelle que "l'heure n'est pas venue de trancher". Quant à l'âge avancé de Jean-Marie Le Pen - il aurait 93 ans à la fin de son mandat -, Marie-Christine Arnautu rappelle "qu'on disait la même chose pour les européennes. Or il a été élu en faisant 43 meetings donc bon…" Qu'on se le dise, "le Vieux" n'est pas prêt à prendre sa retraite.