La phrase. "Ce n'est pas de la délation, mais simplement le fait de rendre l'usage d'un lieu à son propriétaire". Interrogée vendredi soir par Europe1, Natacha Bouchart, la sénatrice-maire UMP de Calais, a tenté d'apaiser la polémique qu'elle a fait naître dès mercredi, en appelant sur Facebook les habitants de la ville à signaler "tout squat" de migrants.
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La polémique. "Il ne faut pas hésiter à laisser un mail sur securitesquatcalais@gmail.com lorsque vous voyez des no borders ou des migrants s'implanter illégalement dans une maison", a écrit mercredi la maire de Calais sur sa page Facebook. Contactée par le Lab, la municipalité avait alors assumé "une initiative politique". "On a eu des drames, on a même eu un mort dans un squat. Il y a des tensions entre les différentes populations. Ça se bat. Il y a des batailles ou des rixes en plein centre-ville avec 50 personnes qui se tapent dessus", avait alors justifié le cabinet de la mairie. Mais les arguments n'ont pas convaincu les associations de défense des migrants. "On passe d'une pratique de délation qui était déjà ancrée au fait de le revendiquer", s'est ainsi indigné vendredi Philippe Wannesson, de l'association La Marmite aux idées. "Ca légitime" des comportements "hostiles", renchérit-il.
Le but : agir vite. Contactée par Europe1, Natacha Bouchart persiste et signe. Selon elle, cet appel sur les réseaux sociaux a pour but de localiser plus rapidement les squatteurs. L'idée : permettre une intervention de la police moins de 48h après l'installation des migrants. Car passé ce délai, il faut engager une action judiciaire qui rallonge la procédure. "On essaie d'agir le plus vite possible sans mettre en péril la sécurité du migrant", se défend la maire de Calais. "Notre seul recours est de nous informer pour que la police puisse agir en 48h, sachant que les squatteurs ne sont pas emmenés par la police ni placés en centre de rétention. On leur demande simplement de sortir et, s'ils le souhaitent, d'être pris en charge par les organismes humanitaires", assure-t-elle.
Un phénomène persistant. "Cela fait plus de 12 ans qu'on subit cette situation", a déploré l'élue, en référence à la fermeture du centre de la Croix-Rouge à Sangatte en novembre 2002. Natacha Bouchart déplore ainsi l'inaction de tous les gouvernements successifs, français comme britannique. En moyenne, 200 migrants se trouvent en permanence dans le Calaisis, selon le préfet du Pas-de-Calais. La plupart d'entre eux souhaitent rejoindre le Royaume-Uni, en traversant illégalement la Manche. A 18h vendredi, 414 personnes avait "liké" sur Facebook le message de Natacha Bouchart, et l'on décomptait 158 commentaires et 651 partages.