En poste depuis moins d'une semaine Place Vendôme, la nouvelle garde des Sceaux est devenue la cible privilégiée de l'UMP. Déjà victime le week-end dernier d'une fausse rumeur relayée par plusieurs élus, Christiane Taubira est encore une fois vilipendée par l'opposition en ce début de semaine. Dernière attaque en date : celle de Jean-François Copé. "En votant Front national, on a la gauche qui passe. Donc, quand on vote Front national, on a Taubira", a déclaré mardi le patron de l'UMP. Entre railleries et critiques sur son supposé "angélisme", retour sur les attaques de l'UMP.
Acte I : "mal à la France"
A peine Christiane Taubira est-elle nommée ministre, le 16 mai, que le député de la très sulfureuse Droite populaire, Jean-Paul Garraud, déclare que "la composition" du gouvernement lui donne "mal à la France", en pointant l'élue guyanaise.
Se défendant de toute "attaque par rapport à la couleur de peau", le secrétaire national de l'UMP à la Justice dénonce la position de Christiane Taubira sur "l'esclavagisme", l'accusant de "faire à chaque fois le procès de la France" et d'avoir "une vision très communautariste de l'Histoire de France".
Acte II : Quand l'UMP surfe sur une fausse rumeur
S'appuyant sur des rumeurs propagées ces derniers jours sur Internet, Eric Ciotti, secrétaire national de l'UMP en charge de la sécurité accuse Christiane Taubira d'avoir "déclaré que brûler un drapeau français n'était pas un acte répréhensible". Lundi, Lionnel Luca, député de la Droite populaire lui emboîte le pas et demande à la ministre de la Justice de "s'expliquer" sur "des propos" qu'elle "aurait tenus sur RFI".
Du côté de la radio, on dément que Christiane Taubira ait tenu des propos sur le drapeau français sur son antenne. "La seule intervention de Christine Taubira sur RFI concerne une rencontre de basket entre prisonniers et personnels pénitentiaires", avec "une brève déclaration de la ministre" à propos de ce déplacement, intervenu samedi. Après enquête sur les rumeurs en question, le site Internet Le Lab révèle que la ministre n'a jamais tenu de tels propos et rappelle qu'aucun drapeau français n'a été brûlé le 6 mai. Selon Le Lab, les rumeurs s'appuient sur une photo de drapeau brûlé à Toulouse... en 2007. >> Taubira et les drapeaux français brûlés : démontage d'une rumeur, A voir sur Le Lab.
Acte III : "Première sortie de Taubira : première évasion réussie"
Révélée par Europe 1, l'évasion d'un détenu pour la première sortie en tant que ministre de Christiane Taubira fait les choux gras de la droite. "Première sortie de Madame Taubira : première évasion réussie", ironise ainsi Philippe Meunier, député de la Droite populaire. >> L'évasion d'un détenu en marge d'une visite de Christiane Taubira, c'est par ici.
Acte IV : "quand on vote FN, on a la gauche et on a Taubira"
Le secrétaire général de l'UMP en rajoute une couche mardi matin, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée avec le président du Nouveau centre, Hervé Morin. Jean-François Copé met en garde les électeurs tentés par le vote FN : "en votant Front national, on a la gauche qui passe. Donc, quand on vote Front national, on a Taubira et l'annulation des tribunaux correctionnels pour mineurs qui ont commis des actes passibles de plus de trois ans de prison". Christiane Taubira a confirmé dimanche l'intention du gouvernement de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs et de garantir la spécificité de la justice des mineurs, comme annoncé par François Hollande durant la campagne.
Une décision qui provoque également la colère le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Christian Jacob dénonce "l'angélisme" de la nouvelle garde des Sceaux. "On parle quand même là de mineurs de plus de 16 ans qui sont récidivistes et passibles d'au moins trois ans de prison. On n'est pas avec des gentils chérubins qui font un chahut à la sortie de l'école", déplore-t-il.