"Dégager Moubarak n'a de sens que si cela débouche sur la démocratie". Pour le député socialiste Manuel Valls, invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1/ Le Parisien, les manifestations hostiles au président égyptien découlent "sans doute" d'un "effet de contagion" de la révolution tunisienne.
"Les choses bougent en Égypte. Il y a sans doute une aspiration très forte à la démocratie, évidemment. Mais l'Égypte, c'est une autre paire de manches du point de vue géopolitique. Il y a aussi des facteurs d'instabilité, donc soyons prudents. Le mouvement vers la démocratie est quelque chose que nous ne pouvons que soutenir. A tous de faire en sorte que ce mouvement débouche sur la démocratie" a souligné le candidat aux primaires socialistes.
"Une admiration pour la révolte"
Pour Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, "le peuple tunisien, égyptien et d'autres bien sûr" sont "terriblement populistes". "Est-ce qu'ils ne sont pas en train de dire 'tous pourris'". Le candidat à l'élection présidentielle de 2012 a insisté sur le retour de la révolution. "La question n'est pas de savoir si elle viendra mais quand elle viendra" en France.
"Comme en Tunisie, comme en Égypte, je dénonce le pouvoir dans notre société d'une oligarchie, c'est à dire un petit nombre de gens qui cumulent tous les pouvoirs financiers, médiatiques, d'autorités de toutes sortes et qui l'impose au peuple avec des formules fleuries pour qu'il y consente. Nous somme tous prêts aujourd'hui à clamer notre admiration pour la révolte des Tunisiens, des Égyptiens pour la démocratie mais personne n'a l'air de se rendre compte que nous avons chez nous aussi une oligarchie qui s'appelle 'la bande du Fouquets'".
La sortie de Bougrab contestée
Interrogés sur la position exprimée par la secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab qui a appelé au départ d'Hosni Moubarak dimanche sur France Info, les deux invités sont unanimes : il ne doit pas y avoir de voix discordantes. "Il y a un président, un Premier ministre, il y a une diplomatie, c'est à eux de s'exprimer ainsi", souligne Manuel Valls. "Le militant que je suis dit à "Moubarak, dégage !'", réplique Jean-Luc Mélenchon. "Par contre, en tant que président de la République je me garderais bien de tenir ce discours à l'égard d'un autre peuple souverain et libre" souligne-t-il. Quant à la sortie de Jeannette Bougrab, l'eurodéputé du Parti de gauche a tout simplement expliqué qui si un de ses ministres s'exprimait comme l'a fait la secrétaire d'Etat à la Jeunesse , "il prendrait la porte deux secondes après !".