Faire table rase du passé, du moins dans le fonctionnement du parti. C'est le message que Marine Le Pen a voulu faire passer à Brachay (Haute-Marne), samedi, pour sa rentrée politique à la tête du Front national.
Va-t-il d'ailleurs continuer à porter ce nom ? Non, a-t-elle précisé : "La nouvelle organisation portera un nouveau nom (…), que vous aurez choisi", après le Congrès prévu à l'hiver prochain. Avant cela, la députée du Pas-de-Calais aura mené une "tournée" des 95 fédérations, entamée dès la fin du mois de septembre. Devant ses partisans, rassemblés sous la pluie dans ce minuscule village acquis à sa cause, elle a également promis une "grande refondation" et un fonctionnement "renouvelé" et plus "décentralisé" du parti, dont le slogan affiché samedi était "En avant pour un nouveau front".
Attaques franches sur le terrorisme. Avant ces quelques pistes pour la rénovation du Front national, Marine Le Pen a prononcé un discours résolument sécuritaire, axant la ligne de sa rentrée politique sur les thèmes du terrorisme et de l'immigration. Ces sujets ont été bien davantage traités que l'économie en général, seulement abordée pendant quelques minutes pour vilipender Emmanuel Macron, rendu responsable de remplacer "les relations sociales par les relations économiques" avec ses ordonnances sur le code du travail.
Après avoir reproché au gouvernement de n'avoir "rien anticipé" face au désastre de l'ouragan Irma, la présidente du Front national a attaqué frontalement Emmanuel Macron, moqué en "Jupiter" qui n'aurait "pas fait tomber la foudre sur les fichés S". Et Marine Le Pen de rappeler notamment sa volonté d'interdire le salafisme et les Frères musulmans. "Les islamistes nous agressent en raison de ce que nous sommes. (…) Je ne veux pas m'habituer au terrorisme", a-t-elle clamé. Selon elle, "cette bombe à retardement [du terrorisme, NDLR], ce sont nos politiques qui la posent".
Pas de mention de la sortie de l'euro. Et l'euro dans tout ça ? Marine Le Pen n'a pas du tout parlé de sortie de la monnaie unique - un chiffon rouge dans son parti -, en passant très vite sur ce thème pour concentrer ses attaques sur trois personnes : Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez, candidat à la présidence des Républicains, et Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille et leader de la France insoumise. Tout au long de son discours, long de 45 minutes, elle a ciblé les deux derniers, qui tentent de ravir la place enviée de premier opposant au chef de l'État. Le premier mènerait un mouvement "islamo-trotskiste" à la "bouillie idéologique" pour "agités", tandis que le second est implicitement accusé de faire "du sous-Sarkozy".