Jeudi, ils étaient deux à parler à leurs concitoyens à la télévision. D'un côté, François Hollande dans Dialogue citoyensur France 2, de l'autre Vladimir Poutine dans Ligne directe sur la télé russe. Rémi Lefebvre, politologue, consultant et scénariste des Hommes de l'ombre, était l'invité de David Abiker samedi dans C'est arrivé cette semaine. Pour Europe 1, il a regardé les deux émissions et joue au jeu des sept différences.
"Pas envie". Premier constat pour le politologue : celui de l'audience générée par l'émission où le président français était invité. Un flop, incontestablement. Seulement 3,5 millions de personnes étaient devant leur poste. "L'audience est un révélateur, souligne Rémi Lefebvre. Le révélateur pour savoir si les gens ont envie de vous écouter ou pas." En comparaison, Poutine s'en sort très bien, preuve en est ce chiffre : "sur Twitter, Hollande a généré 120.000 tweets, Poutine, 2,5 millions."
De la politique à l'épouse de Poutine. Un chiffre implacable qui peut cependant s'expliquer en partie par le format français, beaucoup plus classique que le russe. Le politologue ose parler de liberté pour l'émission russe. Il apprécie que les questions aient pu venir de sources diverses : certaines posées par la journaliste, d'autres émanant du public ou même de twittos. Autre avantage pour la télé russe, selon lui, les questions passaient d'un sujet à l'autre sans transition, allant aussi bien de l'épouse de Vladimir Poutine à des sujets purement politiques.
"Poutine pas épargné". Peut-on cependant réellement parler de liberté de ton ? Les questions ne sont-elles pas préparées ? D'après Rémi Lefebvre, ce serait une faute de l'entourage des politiques de ne pas préparer les politiques à toutes les éventualités. L'homme ne conteste pas que les questions aient pu être orientées, mais il souligne le fait que Poutine n'a pas été épargné : "On lui a posé des questions sur les routes défoncées, sur les Panama Papers. Il y a même une petite fille de 12 ans qui l'a pris au piège en lui demandant s'il sauverait Erdogan dans l'hypothèse où le président turque se noierait". Le président russe n'a pu que rire face à la jeune fille.
Décontraction. La grande différence entre Hollande et Poutine pour le politologue est la décontraction. Poutine est à l'aise, les coudes sur la table. "Personne ne doute que Poutine est le tsar de la Russie. La question peut se poser pour Hollande. Poutine maîtrise les codes de la télé, comme Obama. Il a compris que la télévision, c'est dans le salon, et quand on est dans le salon de quelqu'un, on est détendu." Seul avantage selon lui pour François Hollande : "maintenant on attend la fin de l'année pour savoir s'il sera candidat".