Bayonne, Dijon, Nice… Le Premier ministre Jean Castex et ses ministres régaliens, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti multiplient les déplacements pour tenter de se montrer au rendez-vous sur le sujet de l’insécurité. Samedi matin, ces derniers étaient à Nice, ville marquée ces dernières semaines par plusieurs épisodes de violences liées au trafic de drogue. Le chef du gouvernement y a annoncé plusieurs mesures, parmi lesquelles la généralisation de la forfaitisation des délits de stupéfiants, l'extension des compétences de la police municipales, ou encore la création de 150 postes pour "renforcer l'action pénale de proximité".
Selon Bruno Cautrès, politologue au Cevipof, cette démultiplication du plus haut sommet de l’État véhicule deux messages importants : la volonté de Jean Castex de s’imposer sur le thème de la sécurité et l’ordre public, et la valorisation de la dimension locale, territoriale.
Ordre public et échelon local, "marque de fabrique de Jean Castex"
Au gré de ses déplacements, le Premier ministre envoie "un faisceau de signaux" sur les thèmes régaliens de l’ordre public et de la sécurité, constate Bruno Cautrès, au micro d’Europe 1. "Des thèmes sur lesquels Jean Castex veut imprimer fortement sa marque". Plus encore, le chef du gouvernement met en application ce qu’il avait évoqué lors de son discours de politique générale, le 15 juillet dernier. Un discours au cours duquel il avait insisté sur "le couple maire/préfet comme un chaînon essentiel de l’action publique", rappelle le politologue qui estime que "les thèmes de la sécurité, et de l’efficacité au plus proche des territoires, va être une marque de fabrique de Jean Castex".
En annonçant le lancement d’une expérimentation sur "l’extension des compétences de la police municipale", Jean Castex s’inscrit en cohérence avec ce qu’il avait annoncé il y a dix jours, tout en répondant aux demandes du maire de Nice, Christian Estrosi, d’octroyer plus de pouvoir aux policiers municipaux. "C’est un terrain que Christian Estrosi occupe depuis plusieurs années", précise Bruno Cautrès, évoquant un thème sur lequel le Premier ministre s’est avancé "en parlant d’une nouvelle étape de décentralisation en donnant plus de pouvoir et de moyens aux maires".
"Les mots ne suffiront pas"
Pour le politologue, une telle communication n’est toutefois pas une garantie de succès aux yeux de l’opinion. Il existe d’ailleurs un risque de retour de bâton si la communication s’accompagne de peu de résultats. "C’est toujours le risque quand on va sur le terrain et qu’on annonce que tout va changer", explique Bruno Cautrès, prenant l’exemple de Premiers ministres ou ministres de l’Économie ayant visité des entreprises visées par des plans sociaux. "Les mots ne suffiront pas, il faut surtout qu’il y ait des résultats", insiste le politologue. "Et le ministre de l’Intérieur est un ministre avec une forte culture de résultat".