La proposition de loi du RN visant à abroger la dernière réforme des retraites, qui avait porté l'âge de départ à 64 ans, a été jugée recevable mercredi par le bureau de l'Assemblée, plus haute instance exécutive, selon des sources parlementaires. A majorité à gauche, cette instance où le RN n'a actuellement pas de droit de vote devait se prononcer sur sa recevabilité financière.
Dix députés se sont prononcés pour la recevabilité et 7 contre. Les représentants du Nouveau Front populaire ont voté pour. Le texte ira en commission avant une arrivée prévue dans l'hémicycle le 31 octobre.
Faire revenir l'âge normal de départ à 62 ans
"Promesse tenue", a salué sur X le député Thomas Ménagé, co-auteur du texte avec la présidente du groupe RN Marine Le Pen.
✅ Promesse tenue : le @groupeRN_off proposera bien l’abrogation de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale.
— Thomas Ménagé (@Thomas_Mng) September 18, 2024
Rendez-vous le 31 octobre ! https://t.co/zlISpZpDyX
Son texte, consulté par l'AFP, prévoit de faire revenir l'âge normal de départ à 62 ans "à compter de la génération 1955", et de fixer la durée de cotisation requise à 42 annuités, "à compter de la génération 1961". Une position intermédiaire entre la situation actuelle et une réforme plus ambitieuse, que le RN mettrait en place en cas d'arrivée au pouvoir, ont déclaré plusieurs sources au groupe RN.
Mais la manœuvre est aussi une chausse-trappe tendue à la gauche parlementaire, qui a fait de l'abrogation de la réforme des retraites l'un de ses principaux engagements de campagne pendant les législatives.
Un "piège" tendu par le RN, selon les Écologistes
Au point de voter un texte du groupe d'extrême droite ? "C'est un piège c'est fait pour ça", a estimé la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain contactée par l'AFP. "Il y a un débat entre "donner le point au RN" et "faire monter la colère", a résumé son collègue de groupe Sébastien Peytavie. Si le questionnement traverse tous les groupes du Nouveau Front populaire, ceux-ci ont tout de même voté pour la recevabilité du texte mercredi. "On est cohérent", défend Cyrielle Chatelain.
La recevabilité des propositions des députés est d'abord la responsabilité d'une délégation, confiée à un ou plusieurs membres du bureau. Sujet d'âpres négociations entre la gauche, le camp présidentiel et la droite, elle a été provisoirement confiée à deux vice-présidents, Xavier Breton (A droite, ex-LR) et Nadège Abomangoli (LFI), qui ne sont pas parvenus à un accord sur le texte du RN.
Pour Nadège Abomangoli, le texte est "recevable" car "bien gagé d'un montant conforme à l'estimation de la réforme proposée", même si son entourage relève que le "texte d'abrogation n'a aucune chance d'aboutir", et émane "d'un groupe qui ne s'est pas mobilisé dans la rue auprès des syndicats".