La proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites, déposée par le groupe Liot, qui doit être débattue le 8 juin par les députés risque de donner lieu à un premier épisode musclé mercredi à l'Assemblée nationale. Une proposition jugée "inconstitutionnelle" par Élisabeth Borne qui la considère comme "un manque de respect vis-à-vis des Français". Cette proposition a-t-elle une chance d'aboutir ?
D'après le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, invité ce dimanche du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos, "ce serait sans précédent qu'un gouvernement ou une majorité empêche un groupe parlementaire d'utiliser sa niche". Si tel est le cas, nous rentrerons "dans une crise démocratique grave et inconnue", a-t-il assuré. "C'est une atteinte forte contre le Parlement, contre l'Assemblée nationale. Ce texte de loi de la retraite à 64 ans n'a pas été voté à l'Assemblée nationale. Ça fait quatre mois qu'il y a des manifestations dans notre pays, 13 en tout !"
Le camp présidentiel veut empêcher la proposition de loi de prospérer
Face à cette proposition de loi, les députés de la majorité tentent de brandir l'article 40 de la Constitution qui prévoit que tout amendement ou proposition de loi qui dégrade les comptes publics peut être jugé irrecevable. "Ils veulent empêcher le vote d'avoir lieu", a tonné Fabien Roussel accusant le gouvernement d'être le principal responsable de la fracturation de la situation démocratique du pays. "J'alerte la Première ministre, j'alerte le président de la République : ne fracturez pas la démocratie", a-t-il ajouté avant de proposer un référendum d'initiative partagée.
"Organisons une votation citoyenne, ouvrons des lieux de vote dans les villes, dans les mairies, avec les élus qui souhaiteraient l'organiser, sur les places des marchés. On nous prive de cette légitimité de pouvoir voter. Eh bien moi je demande à ce que nous puissions l'avoir. Il faut redonner la parole au peuple et redonner la parole aux Français pour sortir par le haut de cette crise démocratique", a-t-il déclaré.
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Une réforme illégitime ?
Une réforme qui est aussi entachée d'illégitimité selon Fabien Roussel "dans la mesure où il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée, dans la mesure où les Français, quatre mois après, sont très majoritairement opposés à cette réforme des retraites, dans la mesure où l'intersyndicale et les syndicats n'ont pas eu l'occasion de débattre des propositions qu'ils ont mis sur la table, ils ont été bâchés et humiliés !" a-t-il lancé.
Le secrétaire national du PCF a d'ailleurs appelé les Français à manifester lors de la 14e journée de mobilisation prévue le 6 juin. "Ce sera important de manifester pour dire au gouvernement : 'laissez les députés voter sur ce texte de loi', qu'il y ait au moins un vote sur la retraite à 64 ans."