Le parquet national financier (PNF), récemment critiqué dans l'affaire Fillon, Kohler ou dans celle des "écoutes" visant Nicolas Sarkozy, "ne se dispense jamais de respecter la règle de droit", a affirmé vendredi son patron, Jean-François Bohnert, interrogé par l'AFP. "Dans toutes les affaires qu'il traite, il se conforme strictement aux exigences du code de procédure pénale et utilise, sans les outrepasser, les prérogatives que la Loi reconnaît aux parquets, et donc au PNF", a-t-il insisté.
Controverses à répétition
Il y a quelques semaines, l'ex-procureur national financier Éliane Houlette, partie à la retraite fin juin 2019, a affirmé avoir subi des "pressions" procédurales de la part du parquet général dans la conduite de l'affaire Fillon, des déclarations interprétées par le camp de l'ex-candidat à la présidentielle comme l'aveu de pressions politiques pour mettre en cause leur champion. Plus récemment, le PNF s'est vu reprocher le classement sans suite, après une lettre d'Emmanuel Macron à décharge, d'une enquête visant son bras droit, Alexis Kohler, soupçonné de conflits d'intérêt.
Enfin, l'ancien président Nicolas Sarkozy a demandé jeudi "toute la vérité" sur l'"invraisemblable accumulation de manquements et de dysfonctionnements", après la révélation par Le Point de l'ampleur des investigations ayant visé notamment des ténors du barreau et menées par le PNF pour identifier, en vain, une "taupe" éventuelle dans l'affaire dite des "écoutes".
Le PNF qualifié d'"officine"
Face à ces dernières révélations, qui ont ulcéré les avocats concernés, le bâtonnier de Paris Me Olivier Cousi a annoncé une "action" en justice. "Légale ou pas légale, je ne sais pas, mais (l'enquête du PNF) est hors norme et inquiétante", a-t-il estimé.
Côté politique, le parquet national financier a été qualifié d'"officine" par l'ancienne garde des Sceaux LR Rachida Dati, tandis que le député LR Éric Ciotti a évoqué un "Watergate à la française" et estimé que "la question de l'existence du PNF" se posait. À gauche, le chef de file du PS Olivier Faure a affirmé que "l'État de droit suppose que n'importe quel justiciable - Nicolas Sarkozy compris - soit respecté dans ses prérogatives et dans ses droits".