Annonces sur le budget : comment le gouvernement d'Édouard Philippe veut "combattre le doute"

Pour Michaël Darmon, Édouard Philippe a voulu "éviter la redite de l'année dernière avec les fuites isolées sur les baisses des APL" (photo d'illustration).
Pour Michaël Darmon, Édouard Philippe a voulu "éviter la redite de l'année dernière avec les fuites isolées sur les baisses des APL" (photo d'illustration). © Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
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Europe1.fr , modifié à
"Souvent, quand un gouvernement annonce qu'il accélère, c'est pour aller un peu moins loin", analyse Michaël Darmon, journaliste au service politique d'Europe 1, après l'interview du premier ministre dans le "Journal du Dimanche".  
ANALYSE

Le gouvernement a choisi le Journal du Dimanche, quelques jours après le premier Conseil des ministres de l'année scolaire, pour faire ses annonces. Dans une interview à l'hebdomadaire, Édouard Philippe a dévoilé dimanche les choix budgétaires de l'année 2019, annonçant notamment la faible hausse de certaines prestations sociales, qui augmenteront moins vite que l'inflation. Pourquoi maintenant ? "Il faut maîtriser la communication sur ces mesures délicates, et éviter la redite de l'année dernière avec les fuites isolées sur les baisses des APL, qui avaient braqué l'opinion", analyse Michaël Darmon, journaliste au service politique d'Europe 1. 

"Pratiquer un peu l'illusion d'optique". "Cette fois, l'initiative est prise par l'exécutif : arbitrages mercredi après-midi, et communication dans la foulée", poursuit Michaël Darmon. "Édouard Philippe veut rassurer les Français sur leur pouvoir d'achat, notamment avec ces heures supplémentaires défiscalisées, mais également assumer des mauvaises nouvelles : croissance un peu moins forte que prévue, dette publique qui se creuse encore... D'où la volonté de parler très vite, pour combattre le doute sur la volonté de transformation. Quitte à pratiquer un peu l'illusion d'optique : souvent quand un gouvernement annonce qu'il accélère, c'est pour aller un peu moins loin."

"L'étendard du travail qui doit payer". Le calendrier de ces annonces doit-il également être relié à la rentrée politique des oppositions, et notamment de Laurent Wauquiez, auteur d'un discours très virulent à l'adresse du gouvernement, dimanche ? Oui, répond Michaël Darmon. "Laurent Wauquiez a fait sa rentrée essentiellement sur le terrain identitaire et régalien. De son côté, le gouvernement parle des questions de la vie quotidienne et brandit l'étendard du travail qui doit payer, qui doit prendre le pas sur les prestations sociales. C'est une politique qui plaît au monde économique et au monde des affaires, et c'est toujours la difficulté permanente pour les responsables Les Républicains : trouver des angles d'attaque contre un président de la République qui continue de mener la politique que réclament en partie les électeurs de la droite."