Elle devait souder son camp. Mercredi, François Fillon a tenu une conférence de presse pour demander à ses soutiens chez Les Républicains de le suivre, lui qui promet d’aller jusqu’au bout. Mais plusieurs cadres LR ont annoncé depuis leur retrait voire leur départ, en désaccord avec la volonté du candidat de se maintenir malgré une mise en examen. "Maintenant il y a le feu dans la maison. François veut nous faire jouer à la roulette russe avec au moins trois balles dans le barillet. On ne sait pas où on va, mais on ne peut pas continuer à le soutenir", a soufflé l'un d'eux à Europe 1.
"Respect de la parole donnée". Bruno Le Maire a été le premier à dégainer. Peu après la fin de la déclaration de François Fillon, le député de l’Eure publie un communiqué pour indiquer qu’il démissionne de ses fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales de la campagne. Il justifie sa décision en évoquant les déclarations de François Fillon le 26 janvier. Au 20 heures de TF1, l’ancien Premier ministre affirmait alors qu’il renoncerait seulement s’il était mis en examen, abandon qu’il a repoussé aujourd’hui. "Je crois au respect de la parole donnée", explique mercredi Bruno Le Maire.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 1 mars 2017
Dans la foulée de ce départ, des proches de Bruno Le Maire annoncent à leur tour qu’ils se mettent en retrait de la campagne. "Cette fois, François Trahit son engagement et met en cause toute l’institution judiciaire, c’est n’importe quoi. Il a franchi la ligne rouge", confie un fidèle de l'ancien ministre de l'Agriculture. Franck Riester, Laure de la Raudière, Arnaud Robinet, Alain Chrétien… Tous partagent rapidement le communiqué sur Twitter. Matthieu Annereau, secrétaire national LR, a aussi soutenu la décision de Bruno Le Maire.
Je partage et soutiens la décision de @BrunoLeMaire. https://t.co/vUDnvJoCdC
— Franck Riester (@franckriester) 1 mars 2017
Des sarkozystes quittent le navire. Les lemairistes ne sont pas les seuls. Le député de Paris Pierre Lellouche, ancien fillonniste qui avait soutenu Nicolas Sarkozy pour la primaire, a demandé mercredi le retrait de François Fillon et le report de la présidentielle. Selon lui, la campagne a franchi un "point de non-retour". Autre parlementaire à se retirer de la campagne électorale, le député des Ardennes Jean-Luc Warsmann, qui ne partage pas les arguments et les mots du candidat. Peu après 18 heures, Catherine Vautrin, vice-présidente LR de l'Assemblée nationale et ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy, a dit souhaiter que "François Fillon consacre toute son énergie à défendre son honneur". Autrement dit, qu'il se retire et laisse la place à "un autre candidat".
Sur Twitter, Christine Boutin, ancienne ministre du Logement et de la Ville, a aussi demandé à son ex-Premier ministre de "retirer sa candidature".
Comme ancien ministre, je demande @FrancoisFillon au nom de la parole donnée ( 20h @TF1 et @JJBourdin_RMC ) de retirer sa candidature.
— christine Boutinن (@christineboutin) 1 mars 2017
Keller, première juppéiste à prendre la fuite. Fabienne Keller, sénatrice juppéiste, s'est fendue d'un communiqué en début de soirée. "Il n'est pas possible de faire campagne contre la Justice", a-t-elle affirmé. "François Fillon doit prendre une décision plus grande que son destin personnel."
Présidentielles : j’appelle François #fillon à prendre une décision plus grande que son destin personnel @afppic.twitter.com/jtrNqFSIH7
— Fabienne Keller (@fabienne_keller) 1 mars 2017
Beaucoup de députés se sentent perdus mais hésitent encore à franchir le pas car il n’y a pas vraiment pas de plan B. "Juppé n’ira que si Fillon lui demande", crois savoir un ténor du parti. "Sauter seul, dans le vide, c’est pas facile", avoue un député juppéiste. Depuis que l’Assemblée a fermé ses portes les députés sont un peu isolés, chacun dans sa circonscription. "C’est une chance pour Fillon", lâche l’un de ses proches.
L'UDI en retrait. Les cadres de l’UDI ont décidé de "suspendre" leur participation à la campagne de François Fillon à l'issue d'une réunion du parti mercredi après-midi. Pour rejoindre Emmanuel Macron ? Leur président, Jean-Christophe Lagarde, constate amèrement que "la moitié de nos électeurs est passée chez Macron, et l’autre moitié est déjà en marche", selon des propos rapportés par le Canard enchaîné.