Après le Brexit, François Hollande rêve d'une Europe protectrice

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M.B. et Antonin André
UNION EUROPÉENNE - Le chef de l'État veut relancer l'Union européenne en mettant la priorité sur la protection des frontières, la défense et l'harmonisation fiscale.

C'est le premier sommet européen post-Brexit, et il s'annonce crucial. Les 27 États (toujours) membres de l'Union européenne et le Royaume-Uni se réunissent mardi, à Bruxelles, pour réfléchir aux modalités de divorce après le référendum britannique de la semaine dernière. Si la France compte faire pression sur David Cameron pour acter le Brexit au plus vite, l'objectif de Paris est également de relancer l'Europe. Et, en la matière, François Hollande a une feuille de route toute tracée.

Renforcer la défense et les frontières. Le président va faire de la protection son thème favori. Protection, d'abord, des frontières. "Schengen a échoué", reconnaît-on à l'Élysée. Pas question pour autant de rétablir les frontières intérieures de l'Europe, mais bien de renforcer, physiquement, celles qui se trouvent à l'extérieur. François Hollande devrait également plaider pour le renforcement de la politique de défense européenne, afin de répondre à la fois à la menace terroriste et à la crise migratoire. Enfin, la protection est aussi sociale, passant par exemple par l'harmonisation fiscale. Paris veut notamment s'attaquer aux travailleurs détachés.

Des thèmes chers à la droite. En faisant de l'Europe protectrice sa priorité, François Hollande compte riposter au sentiment de peur sur lequel prospèrent les partis populistes, à l'instar du UKIP britannique. Plus que d'un réenchantement, d'une Europe conquérante, le gouvernement mise sur une Europe défensive. Avec un paradoxe : il s'agit là de thèmes traditionnellement chers à la droite. Harmonisation fiscale et Shengen renforcé sont des piliers du programme de Nicolas Sarkozy.

Accords intergouvernementaux. S'ils se rejoignent donc sur le fond, François Hollande et son prédécesseur divergent néanmoins sur la forme. Pour le président actuel, le nouveau traité européen à 27 que souhaite Nicolas Sarkozy avant la fin de l'année n'est pas réaliste. "Ce n'est pas crédible", tacle l'entourage du président. François Hollande préfère parier sur des accords intergouvernementaux qui permettraient d'aller vite.

Difficile de prendre le leadership. Mais même comme cela, rien ne dit que le chef de l'État arrivera à ses fins. De fait, la chancelière allemande, Angela Merkel, n'est pas sur la même longueur d'onde, préférant temporiser sur la relance de l'Union européenne. François Hollande, impopulaire, en fin de mandat, n'incarne pas l'image du leadership. Lui qui n'a pas réussi à prendre la main sur la relance européenne en quatre ans a peu de chances d'y parvenir à un an de l'élection présidentielle. Avec le risque que le sursaut voulu se transforme en surplace.