"Lundi 15 avril, à 20 heures, je vous réponds". C'est sur cette phrase que s'achève une courte vidéo publiée dimanche soir par le chef de l'Etat sur son compte Twitter, accompagnée de photographies et de questions posées lors des différentes rencontres du "grand débat". Emmanuel Macron, qui s'adressera donc aux Français lundi soir, va-t-il trouver les mesures pour lui permettre d'éteindre une bonne fois pour toute la grogne qui touche le pays depuis cinq mois ?
Pour Philippe Moreau Chevrolet, professeur en communication politique à Sciences Po, sa prise de parole est à quitte ou double. "C'est un coup de poker d'Emmanuel Macron qui vise à sortir de la crise par un gros moment de communication", analyse-t-il auprès d'Europe 1. "Il voudra replacer le président au centre du débat, que ce soit lui qui donne le rythme et l'autorité. Pour l'Elysée, ce serait sortir de cette crise des 'gilets jaunes' par le haut."
Nous avons décidé de transformer les colères en solutions. Merci de vous être engagés dans le #GrandDébat. Pendant plusieurs mois, vous avez échangé et nous vous avons écoutés. Demain soir, je vous réponds. pic.twitter.com/COS2WjwpdJ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 14 avril 2019
Des demandes (trop) difficiles à satisfaire ?
L'allocution pourrait durer une vingtaine de minutes. Emmanuel Macron devrait y annoncer les grands chantiers et des mesures concrètes pour répondre à la séquence des derniers mois. "C'est un vrai pari dans la mesure où il ne faut pas décevoir. Après ce suspense qui dure depuis deux semaines [les contributions au 'grand débat national' étant closes depuis le 29 mars, ndlr], si les annonces qui sont faites ne sont pas à la hauteur des enjeux, ça donnera l'impression que le président n'est pas sincère ou qu'il ne comprend pas exactement les attentes des Français", pointe Philippe Moreau Chevrolet. "Ça risque d'accélérer son impopularité et de l'amener un peu plus dans la crise au lieu de l'en sortir."
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Dimanche soir, Emmanuel Macron a informé ses ministres de ses arbitrages. Mercredi, il donnera une conférence de presse pour compléter les annonces. "Ça va être difficile parce que les trois demandes principales des 'gilets jaunes', qui sont en partie appuyées par l'opinion, sont trois demandes vraiment difficiles à satisfaire pour le gouvernement : le retour de l'impôt sur la fortune, le référendum d'initiative citoyenne et tout ce qui concerne la limitation de vitesse", rappelle notre spécialiste de la communication politique. "Il peut éventuellement lâcher du lest sur ce point, mais ça risque d'être insuffisant."