Alors que les migrants de l'Aquarius, victimes d'un imbroglio diplomatique entre l'Italie et Malte, vont débarquer en Espagne dimanche, l'ancienne ministre Christiane Taubira déplore l'attitude de l'Europe dans cette affaire, via une tribune parue au Journal du dimanche.
"La panique gagne" l'Europe. "L’Europe avait une occasion d’exister, de retrouver son magistère éthique sur une scène internationale pleine de fracas, où prospèrent la crânerie, la fourberie, l’ivresse de l’impunité, le désarroi. Elle avait l’opportunité et la capacité de prouver que ses chartes et conventions ne sont pas que chiffons de papier", écrit l'ex-Garde des Sceaux de François Hollande.
Christiane Taubira pointe du doigt notamment l'Allemagne qui "recule", l'Italie qui "bascule", et la France qui "fait des gammes sur la misère du monde". "La panique gagne" le continent, résume-t-elle. "Dans toute l’Europe, cette impuissance fait la courte échelle aux extrémistes irresponsables et fanfarons." Le constat est tel pour l'ancienne ministre socialiste qu'elle parle de l'Espagne, qui a accepté d'accueillir l'Aquarius, comme de "notre lueur".
"La société ne s'est pas effondrée". "Jamais dans l’histoire, lorsqu’il fallut accueillir une part du monde, la société ne s’est effondrée ni même affaiblie", poursuit Christiane Taubira, rappelant tour-à-tour l'histoire des Espagnols fuyant le franquisme, les "boat people" venus du Vietnam et du Cambodge, ou encore les victimes de la guerre des Balkans, qui ont su trouver un accueil en dehors de leur pays d'origine.
"Il n’est pas question de dire ici qu’il est simple d’accueillir. Il ne s’agit ni d’enjoliver, ni de banaliser, ni même de dédramatiser (...) Mais le fait est : la société ne s’est ni effondrée ni même affaiblie. Elle absorba une part du monde et s’en épanouit, dans sa langue, sa gastronomie, ses arts, ses artisanats, sa littérature...", en conclut Christiane Taubira.