Il l'assure, son parti n'a rien fait d'illégal. Dans une interview à Sud-Ouest, le désormais ex-ministre de la Justice, François Bayrou, a reconnu que le MoDem, en proie à des difficultés financières, avait cherché à "recaser" certains de ses salariés comme assistants parlementaires, mais sans qu'il s'agisse d'emplois fictifs. Une version contredite vendredi par le témoignage d'un ancien assistant parlementaire que publie Franceinfo.
"François Bayrou ment". "Dans une période de mauvaise passe comme toutes les formations politiques en ont connu, vous cherchez à recaser un maximum de salariés, des gens de confiance. Il se trouve que les parlementaires européens recherchaient des assistants locaux. On leur a recommandé ces gens-là", explique François Bayrou dans son entretien à Sud-Ouest, répétant qu'"il n'y a jamais eu d'emplois fictifs au MoDem".
Une affirmation mise à mal vendredi par le témoignage de cet ancien assistant qui soutient avoir assisté à la mise en place d'un véritable système d'emplois fictifs rémunérés par Bruxelles. "François Bayrou ment", assure-t-il.
Des élus inquiets du risque. Selon cet individu, qui a voulu garder l'anonymat et qui aurait travaillé comme assistant à Bruxelles entre 2004 et 2009, les eurodéputés du parti auraient utilisé des fonds européens pour payer certains de leurs collaborateurs qui n'auraient, en vérité, jamais mis les pieds au Parlement. "J'ai vu que des parlementaires, à plusieurs, finançaient des temps partiels d'assistants parlementaires qui ne fournissaient aucun travail pour le député", rapporte-t-il, ces dits assistants étant en vérité des communicants, de jeunes militants et même des cadres du parti, selon lui.
Certains élus se seraient alarmés de cette situation, assure-t-il : "Les parlementaires, conscients du risque juridique, réclamaient avec beaucoup de difficultés que l'assistant, de temps en temps, se manifeste, transmette une note sommaire sur un sujet ou une petite revue de presse, qui permettrait d'apporter une preuve qu'un travail a bien été effectué, au cas où il y aurait des contrôles."
"Tout le monde connaît ce système". Un système mis en place à l'époque de l'UDF donc, et qui aurait perduré après la fondation du MoDem en 2007. Cité par Franceinfo, le député UDI de la Marne, Charles de Courson, ex-UDF, le reconnaît : "On ne va pas faire semblant : on ne découvre rien du tout ! Tout le monde le sait, tout le monde connaît ce système".
De son côté, l'assistant interrogé par Franceinfo serait prêt à livrer sa version à la justice. Un premier témoignage accablant dans ce dossier a déjà été enregistré par les juges jeudi, celui de Matthieu Lamarre, ancien assistant parlementaire de Jean-Luc Bennahmias.