Olivier Dussopt, député macroniste et ancien ministre du Travail, a fait part jeudi de ses réserves quant à une possible nouvelle baisse de la durée d'indemnisation des chômeurs, réclamant plutôt une "réforme de la gouvernance de l'assurance chômage". "Si on souhaite aller plus loin" et "baisser la durée d'indemnisation", cela "doit passer par une nouvelle négociation" avec les partenaires sociaux, a rappelé l'ancien ministre, qui avait fait adopter fin 2022 une réforme permettant de moduler la durée d'indemnisation des chômeurs selon la conjoncture, avant un décret de durcissement des règles en 2023.
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"Peut-être qu'on a une priorité" autre
Actuellement "peut-être qu'on a une priorité, une réforme plus urgente, plus structurelle à faire qui est celle de la gouvernance de l'assurance chômage", a-t-il estimé à l'Assemblée devant l'association des journalistes parlementaires (AJP). A ses yeux, c'est un "sujet qui s'impose", car "la nature des recettes du système d'assurance chômage a profondément changé", avec une "part toujours croissante de ses recettes" qui viennent de la "fiscalité" (CSG), ce qui "pose la question" du rôle de l'État.
"Aujourd'hui en matière d'assurance chômage, l'État c'est un peu l'éléphant dans la pièce. Les partenaires sociaux négocient, l'État n'est pas à la table de la négociation mais l'Etat a déjà adressé aux mêmes partenaires sociaux une lettre de cadrage", a souligné le député ardéchois. Olivier Dussopt suggère une nouvelle gouvernance avec la saisine du Parlement "à intervalle régulier tous les trois ou cinq ans pour voter une loi d'orientation".
Vers une reprise en main de l'État ?
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a récemment plaidé pour une reprise en main "définitive" par l'État de l'assurance chômage, une position qui a fait bondir les syndicats. Le régime de l'assurance chômage est actuellement piloté par l'Unédic, organisme paritaire. Les partenaires sociaux renégocient les règles tous les deux à trois ans pour tenir compte des évolutions du marché du travail. Le gouvernement a en outre répété à plusieurs reprises sa volonté de "rouvrir le chantier" de l'assurance chômage et de durcir encore les droits, après deux réformes controversées en 2019 et 2023.
Lundi, les responsables des cinq grandes centrales syndicales ont appelé à renoncer à une nouvelle réforme de l'assurance chômage et à "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs".