Dans une tribune publiée samedi matin par Le Monde, et alors qu’une nouvelle manifestation antiraciste est prévue dans l'après-midi à Paris, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye propose de rouvrir "de manière apaisée" le débat sur les statistiques ethniques, interdites en France. "À titre personnel, je ne suis pas convaincu que l’on ait besoin de poser ce débat des statistiques ethniques", a estimé pour sa part, au micro de Bernard Poirette sur Europe 1, Frédéric Potier, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.
"Nous avons fait de l'universalisme le fondement de nos lois, mais, à ne pas pouvoir mesurer et regarder la réalité telle qu'elle est, nous laissons prospérer les fantasmes", écrit notamment Sibeth Ndiaye dans sa tribune. "On peut tout à fait mesurer les discriminations avec les textes actuels", assure pourtant Frédéric Potier.
"Par exemple, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme a commandé à l’Ifop une étude sur les discriminations envers les musulmans. On en a fait une publication avec la Fondation Jean Jaurès", cite-t-il. "Nous pouvons mesurer les parcours intergénérationnels, voir que des personnes dont les parents étaient étrangers n’ont pas forcément la même mobilité, la même progression professionnelle que des personnes dont les parents seraient français depuis plusieurs générations", détaille-t-il. "On a déjà des outils, il faut les utiliser."
Une exception en Nouvelle-Calédonie
"Là où les statistiques ethniques existent, elles répondent à une histoire particulière : aux Etats-Unis, c’est l’histoire de la ségrégation", poursuit Frédéric Potier. "Dans notre république, le seul endroit où il y a cet indicateur, c’est en Nouvelle-Calédonie, avec une situation très particulière : une colonisation très tardive et des groupes de population qui se sont affrontés", explique le délégué interministériel.