Benoît Hamon a appris des erreurs de François Fillon. L’un comme l’autre n’étaient pas favoris, l’un comme l’autre ont choisi un programme très radical pour s’imposer. Mais le parallèle s’arrête là. À l’inverse de François Fillon, Benoît Hamon, dès le soir de la victoire, a basculé dans une autre campagne, il n’a pas commis l’erreur de s’enfermer dans son personnage de la primaire. François Fillon, lui, a mis deux mois à faire le rassemblement, Benoît Hamon a tendu la main dès le premier soir.
Une envolée dans les sondages. Vingt-quatre heures après sa victoire le frondeur se glisse dans le costume du rassembleur : il défend sur le plateau du 20 heures les victoires du quinquennat : tiers payant, mariage pour tous, garantie jeune, etc. Quand François Fillon refuse d’amender son programme, Benoît Hamon promet dès ses premiers mots de l’enrichir. Résultat : pas d’hémorragie de députés socialistes, pas d’exode massif vers Emmanuel Macron. Plusieurs sondages le donnent désormais à un niveau qu’aucun candidat socialiste n’avait atteint depuis longtemps au-delà des 15%, jusqu’à 18% dans le dernier IFOP.
Benoît Hamon peut-il encore sauver la gauche ? Vous vous souvenez de Bernie Sanders, le candidat démocrate américain qui a failli battre Hillary Clinton lors de la primaire. Il était ce candidat de gauche porté par un électorat très jeune, un électorat pour lequel l’espoir ne se résume pas à la question économique. Benoît Hamon a un côté Bernie Sanders, sauf qu’en plus lui a gagné la primaire, et pour gagner il a drainé un électorat de primo-votant ; de jeunes qui ont eu 18 ans en 2016 et qui ne figuraient pas sur les listes électorales. Ils étaient dans ses meetings et dans les bureaux de vote. Plus de 60% des 18-25 ans qui ont participé à la primaire ont voté Benoît Hamon, et c’est un levier puissant.
Les jeunes, clef du second tour ? Si cet électorat qui traditionnellement s’abstient aux élections, se déplace massivement pour Benoît Hamon, comme ce fut le cas à la primaire, l’effet bonus peut le porter au second tour, au détriment de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen, qui aujourd’hui est en tête dans cette catégorie d’âge.