Dans le public de la Mutualité, à Paris, il était difficile de ne pas remarquer certaines absences, dimanche. Pas de Manuel Valls, pas non plus de poids lourd du gouvernement pour assister à l'investiture de Benoît Hamon, candidat vainqueur de la primaire élargie du Parti socialiste (PS). Dès le début de son discours, ce dernier, dont le projet est jugé "irréalisable" par une partie de la gauche, a pourtant appelé à l'union. "Oui, il y a des désaccords entre nous, comme il y en a toujours eu à gauche", a-t-il reconnu. "Mais le rassemblement, ça ne commence pas par le fait d'exiger des têtes. Le rassemblement, c'est le fait de dessiner ensemble un horizon commun."
Hollande a "su nous protéger". Benoît Hamon a ensuite salué les avancées du quinquennat de François Hollande, estimant que ce dernier avait "su nous protéger". "Je sais ce que nous lui devons", a souligné le candidat. "Regardons ce que la droite veut déconstruire, et nous saurons ce que nous avons fait de bien." Pour autant, le député des Yvelines a rappelé que ce bilan "ne peut pas être l'axe autour duquel nous faisons une campagne." Jugeant que la primaire lui avait apporté "une légitimité incomparable", Benoît Hamon s'est montré optimiste : "un vent se lève, une aspiration tournée vers l'avenir."
Le revenu universel, "possible". Largement applaudi par un public chauffé par Anne Hidalgo, Jean-Christophe Cambadélis et Christiane Taubira notamment, le candidat est revenu sur ses mesures phares, à commencer par le revenu universel d'existence, disant "comprendre" que cette mesure fasse débat. "Une partie des questions que pose cette mesure reste sans réponse", a-t-il reconnu. "Mais il fut un temps où de doux rêveurs ont fait, à partir du CNR (conseil national de la résistance, ndlr), la sécurité sociale, à un moment où le pays était ruiné", s'est souvenu le député. "Ils ont rêvé si fort que cela a été possible. Et bien nous, nous allons rêver si fort que cela sera possible."
Macron "ne connaît rien du travail". Le candidat n'a pas manqué de tacler ses adversaires politiques, à commencer par Emmanuel Macron, qui "ne connaît rien du travail tel qu'il se déploie aujourd'hui dans notre pays". Quelques minutes plus tard, en évoquant Vladimir Poutine, Benoît Hamon a vivement critiqué "les politiques, de droite comme de gauche, fascinés" par le président russe, "à cause d'un surplus de testostérone ou de virilité qui sert de modèle à des hommes providentiels putatifs." "Ce n'est pas mon modèle à moi", a-t-il martelé.
Un peuple "qui aspire au progrès". "Sur la PMA (procréation médicalement assistée, ndlr), le peuple est en avance sur nous. Sur la fin de vie et le droit à mourir dans la dignité, le peuple est en avance sur nous", a ensuite énuméré le candidat, rappelant son intention de mieux intégrer les citoyens dans le processus d'élaboration de la loi. "Nous avons un peuple français qui aspire au progrès, à la solidarité, au respect de l'autre", a-t-il estimé.
Et de conclure : "Aujourd'hui, dans le monde dans lequel nous vivons, les nuages sont nombreux, les menaces sont lourdes, les transitions que nous allons proposer aux Français ne sont pas sans incertitudes. Faites comme Albert Camus : voyez, regardez, désirez l'été qui vient, croyez-y de toute votre force, et alors, nous serons invincibles."