Après la victoire de Benoît Hamon a la primaire de janvier, le Parti socialiste semble s'être rendormi. Un simple test : appelez un patron de Solférino et demandez-lui où se trouve Benoît Hamon, la réponse vous surprendrait. Contacté lundi, un cadre socialiste était en effet bien incapable de dire que son candidat était en Corse et qu'il se rendrait à Marseille mardi.
Une campagne avec ses potes. Benoît Hamon est resté bloqué dans la campagne des primaires. Il n’a rien changé : c’est la campagne des castors juniors, de Riri, Fifi et Loulou. En 2012, quand François Hollande était candidat, il était en revanche entouré de Manuel Valls à la direction de la communication, de Pierre Moscovici à la direction de campagne et de Julien Dray dans le cœur de la machine. En 2017, le contraste est criant : Benoît Hamon fait campagne avec ses potes, habitués des réunions étudiantes et des agora live où les animateurs d’associations culturelles évoquent la mise en péril du spectacle vivant… Loin, très loin d’une campagne tournée vers les Français et les enjeux d’une présidentielle.
Certes, tout le parti ne le soutient pas et se désespère de son manque de "preuves d'amour", à l'image de Patrick Kanner ou Claude Bartolone. Mais Benoît Hamon est le principal responsable de cette campagne qui patine à gauche. Quand on gagne la primaire, on doit tout de suite rassembler, et c’est au vainqueur de faire les bons gestes. Comment ? En intégrant des propositions des autres candidats, en choisissant des directeurs de campagne ou des porte-parole de ses anciens rivaux. On mobilise les élus, députés, sénateurs et on mandate une dizaine de chevau-légers pour se déployer sur tout le territoire, faire des meetings dans des petites villes de province et créer la dynamique. Benoît Hamon n’a rien fait de tout ça.
Pas de Bourget pour l'instant. Voilà pour les hommes, mais il y a le reste : où est le grand discours du Bourget de Benoît Hamon ? Quel rythme donne-t-il à la campagne ? Et quel projet ? On ne s’adresse pas aux Français en leur parlant uniquement revenu universel et perturbateurs endocriniens. En définitive, Benoît Hamon n'est pas sorti de sa zone de confort, il donne l’impression d’un candidat qui se promène dans cette campagne à la rencontre de son public. Ce public l’a porté à la primaire, mais il ne pèsera pas grand-chose dans la présidentielle.